Couscous en v.o.

Autour de la machine à café

Couscous en v.o.

Par un beau vendredi après-midi

– « Cherche volontaires pour séance d’épluchage » !

Non, nous ne sommes pas à la maison, mais bien au bureau par un bel après-midi d’hiver !
Kasema avait décidé de faire un couscous comme on le fait « là-bas ».
Idée géniale. Enthousiasme général. Chacun mettra la main à sa poche et peut être à la pâte.
Le petit restaurant, qu’elle a soudoyé, nous « offre » gentiment son salon VIP pour ce soir de gala.

La préparation
Jour J : vent de panique.
Kasema, habituellement zen, passe fébrilement en revue sa to-do list : Impressionnante. Effectif : insuffisant.
Moment de désespoir. Elle n’y arrivera jamais seule et l’honneur du pays est en jeu.

Elle décide donc de recruter des volontaires, d’où avis à la population. Malgré sa force de persuasion, pas le succès escompté…
Joss est à la recherche du manteau de Patrick qui ne se souvient plus de l’endroit où il a pu le laisser ;
Helen est dans le bureau de William, il y paraît que ça l’aide à réfléchir ;
Christine est chez le coiffeur (normal !). Son travail pour Jean-Claude sera toujours là semaine prochaine ;
Les autres, étonnement, sont tous en rendez-vous à l’extérieur… 
Bilan de l’opération : une seule bonne âme mais pas des moindres : Lourdes !

Eh bien, se dit Kasema, on fera avec !!

La soirée couscous
Vingt heures. La magie a opéré. En djellaba mordorée, Kasema reçoit ses invités dans les règles de l’art et ils se laissent subjugués par l’exotisme de la réception.
Les mets sont délicieux. Le thé à la menthe coule de haut… et le vin aussi.

La gente masculine n’a d’yeux que pour Béa, plus sexy et appétissante que jamais.

Confidences
Inconsciente de l’attraction qu’elle exerce et des regards en coin de ses collègues, elle s’obstine à décongeler sa voisine de droite qui n’est autre qu’Eva.
-j’ai rencontré un mec génial hier
-tant mieux pour toi, lui répond sèchement Eva.

Eva, toujours célibataire est une grenouille de bénitier. Elle passe son temps libre à l’église où plutôt à la sacristie dans l’espoir de tomber sur un enfant de cœur, enfin, sur quelqu’un de recommandable et non sur un de ces galvaudeux que l’on croise à chaque coin de rue.

Béa insiste :
-mais quand je dis génial, il est vraiment génial. Je crois que j’ai un coup de foudre. Ce qui m’inquiète marmonne-t-elle, c’est que j’ai souvent des coups de foudre. Tu crois que c’est normal toi ?

Eva ne répond pas. Elle hausse dédaigneusement ses maigres épaules mais malgré son air revêche, reste à l’affût de la suite du récit de sa pulpeuse collègue.

La tablée s’anime
A l’autre bout de la table, rires tonitruants d’Azka qui hurle dans l’oreille de Patrick, le big boss.

-la Boul, tu connais la Boul ?
Patrik, éberlué, ne comprend rien. Il secoue la tête.
– C’est un nouveau jeu ?
Azka ne peut répondre, elle est morte de rire. Helen qui écoute leurs échanges, explique patiemment à Patrick

-Tu es peut-être le directeur mais tu es franchement mauvais en interprétation. Ce qu’Azka essaie de te dire depuis un quart d’heure, c’est qu’elle adore la Baule !

-Ah ! Effectivement s’esclaffe Patrick, j’étais bien loin du compte !

Patrick est le patron du groupe. Affable, un brin colérique et d’une mauvaise foi redoutable, il fait tourner en bourrique son assistante, la gentille Joss qui s’arrache les cheveux de désespoir.

L’essentiel de son activité consiste à récupérer ce qu’il sème allègrement à tous vents, lunettes, pièces d’identité, clefs, imperméables, etc…Une fois ces butins récupérés, eh bien, on recommence !

Joss pourrait prétendre au grade de détective privé, toutes spécialités confondues.

Patrick a une mémoire en peau de gruyère, du moins c’est ce qu’il revendique. Il peut donner rendez-vous à trois personnes en même temps à des endroits différents et soutenir fermement qu’il n’a jamais pris ces rendez-vous ! Est-ce une tactique de management ?!

A Joss ensuite de démêler les imbroglios en essuyant au passage, les slaves de récriminations des mécontents.

Tentative de séduction
De l’autre côté de la table, Wendy essaie de capter le regard de Pascal, le bel expatrié hollandais mais Pascal a les yeux vissés sur Béa et ne voit personne d’autre. Tout juste s’il n’oublie pas de manger.

Dépitée et à court de cible potable, elle se rabat sur sa voisine, Wendy qui apprécie le petit rosé.

I love this one ! J’adore celui-là dit-elle en tendant pour la troisième fois son verre vide. Ses joues sont déjà bien rouges et dans deux verres, c’est sûr, la maitrise du français est acquise !

Et si on dansait?
– et si on dansait ? suggère Kasema très en forme, j’ai apporté de la musique explique-t-elle
– La danse du ventre ! La danse du ventre ! Scande Patrick, qui a fait honneur au petit rosé.
Les autres convives ne tardent pas chanter en cadence.

Kasema biche. Quel succès ! Elle se lève gracieusement prend son air mystérieux et se met à onduler voluptueusement.

Les invités sont pris de frénésie (aurait-elle mis un « truc » dans le couscous ?) et essaient d’onduler de la même façon, sans y parvenir, bien sûr.
Le groupe se trémousse dans tous les sens, sans retenue aucune. Même pas peur des lendemains vitriolés !

Avis aux amateurs se met à hurler Kasema, qui ne perd jamais le nord, (ni la voix !) « Cours de danse du ventre à partir de lundi, entre midi et deux. Tarif à débattre ».

L’après couscous
Les semaines qui suivent, son bureau est le théâtre de bousculades et de tintamarres retentissants, débordant largement sur l’espace professionnel de collègues nettement moins exotiques !

Et ce qui devait arriver, arriva.
Patrick, bien embêté, a dû prendre la décision la plus impopulaire en mettant fin aux cours, au grand désespoir des apprentis danseurs.

Morale de l’histoire
Résignation boudeuse du professeur, frustration amère des apprentis et dégringolade vertigineuse de Patrick sur l’échelle de la popularité.  Quel gâchis!!

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