— Où est-il ? chuchote-t-on dans l’espace.
L’inquiétude gagne le firmament : la disparition de Zéphyrin se prolonge de façon inédite et mystérieuse.
Depuis qu’il n’est plus là, tout fonctionne au ralenti. Une grande tristesse enveloppe l’univers : il lui manque l’un des siens.
Sunny, le petit soleil, est inconsolable. Son ami venait le voir chaque jour. Ils jouaient ensemble, se confiaient leurs secrets. Désormais, ses rayons restent pâles et peinent à réchauffer la Terre.
Les petits Stratus et Cumulus, témoins du drame, se teintent doucement de gris.
Les oiseaux chantent, mais sans conviction. Peut-être se sentent-ils un peu coupables… mais, tout de même, Zéphyrin n’aurait pas dû interrompre leur cérémonie si brusquement.
Une enquête géante est ouverte et chacun émet son hypothèse.
— Peut-être a-t-il été kidnappé ? suggère Monsieur le Corbeau.
— Et s’il était blessé ? s’inquiète Sunny.
— Et s’il était tombé dans un trou noir et qu’il était prisonnier sur une autre planète ? rêve Mademoiselle la Lune, en habit de croissant.
— Un tel trou n’existe pas, ça se saurait… tranche Monsieur le Hibou.
— Je pense qu’il s’est évaporé… affirme Madame la Pluie, qui tombe goutte à goutte.
— Il se pourrait que les fées lui aient lancé un mauvais sort et l’aient transformé en statue de pierre ? murmurent timidement Stratus et Cumulus.
— Avez-vous déjà vu des fées ? leur demande Monsieur le Merle.
Pour toute réponse, Stratus et Cumulus se recroquevillent dans leur enveloppe cotonneuse.
— Rien de tout cela n’est possible, commente Monsieur le Merle, qui mène l’enquête. Le mystère reste donc entier. Nous reviendra-t-il un jour ?
Pendant ce temps, Zéphyrin dort. Il n’a pas cessé de dormir depuis trois jours.
Il avait trouvé refuge auprès du vieux chêne, le grand Sage de la Forêt. Celui-ci avait accepté de l’aider, allant même jusqu’à mentir en disant qu’il ne l’avait pas vu, car, après tout, on peut parfois faire des bêtises…
— Debout, Zéphyrin, il est temps de te réveiller et de repartir souffler, le secoue le vieux chêne.
Zéphyrin s’étire et se réveille en douceur.
— Merci, vieux chêne. Mais j’ai peur de revenir… J’ai tellement honte… Pourrais-je rester caché auprès de toi..
— Il n’en est pas question ! Voyons ! répond fermement le vieux chêne.
Zéphyrin a la mine déconfite mais il ne peut rester caché plus longtemps.
— Je suis sûr que tes amis seront heureux de te retrouver, le rassure-t-il.
À contrecœur, Zéphyrin s’élève à la cime de l’arbre. Bientôt, il navigue furtivement dans un ciel bien gris. Il espère passer inaperçu. Mais c’est compter sans son ami Sunny !
Il est le premier à donner l’alerte. Il envoie aussitôt ses rayons accueillir chaleureusement son ami.
La rumeur se propage à grande allure et la joie éclate dans l’espace.
Le ciel, repeint en bleu, est sens dessus dessous.
Les petits Stratus et Cumulus blanchissent de bonheur et accourent vers Zéphyrin ; tous les oiseaux, Monsieur le Merle en tête de cortège, l’entourent en chantant, sans rancune. Même Mademoiselle la Lune avance légèrement son apparition pour pouvoir l’apercevoir et Madame la Pluie, surgit sur la point de ses gouttes.
— Maintenant que tu es enfin là, peux-tu nous expliquer où tu étais passé ? lui demande Monsieur le Merle. Nous sommes tous très curieux.
Le silence revient. Tous attendent avec intérêt le dénouement du mystère.
Zéphyrin est très gêné.
— D’abord, pardon de m’être comporté si vilainement l’autre jour.
— Excuses acceptées, répond Monsieur le Merle.
— J’étais si fatigué que je ne pouvais même plus souffler… alors, j’ai dormi profondément.
— Mais tu étais caché où ? demande Monsieur le Merle.
— Ça, je ne peux pas le dévoiler… Je peux juste dire que l’on m’a aidé.
Évidemment, Zéphyrin brûle de tout raconter, mais il a promis au vieux chêne de garder le secret. Sera-t-il capable de respecter sa promesse ?
— Dommage pour nous, répond Monsieur le Merle, mais le principal, c’est que tu sois là. Fêtons donc ton retour !
Zéphyrin se sent soulagé. Il est heureux de retrouver ses amis.
Sous un ciel désormais lumineux, chacun reprend sa place avec joie.