La fabuleuse histoire de Crinière d’or et de Wapi, le petit indien

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La fabuleuse histoire de Crinière d’or et de Wapi, le petit indien

Il y a très longtemps, dans un pays lointain, au-delà des océans, là où d’immenses prairies verdoyantes sont traversées de longues rivières et constellées d’épaisses forêts, un évènement extraordinaire y changea à tout jamais la vie de ses habitants.

Ce matin-là pourtant, rien n’aurait pu prédire un tel bouleversement. Le soleil s’était levé éclatant et radieux comme d’habitude, colorant le ciel d’un bleu profond et les prairies d’un vert sublime. La rivière gargouillait joyeusement ; des chevaux sauvages broutaient paisiblement et plus loin, dans la forêt, les Indiens, assis en cercle autour d’un bon feu, célébraient la beauté de la nature.

Quand soudain un grondement lointain se fit entendre. Ce n’était ni le tonnerre, ni l’orage mais le bourdonnement menaçant d’un écho. Le vacarme se propagea à grande vitesse. Les Indiens, inquiets et intrigués écoutaient la terre tout en fixant le ciel. Le bruit devenait insoutenable ; puis le ciel, avalant son bleu profond, se couvrit de gris et de noir ; le vent se leva et se mit à hurler et la terre à trembler. Violemment et longuement.

Dans le lointain on apercevait les silhouettes des chevaux sauvage qui, pris de panique, galopaient dans tous les sens en s’entre bousculant, puis ils disparurent comme aspirés par le ciel. Un rideau noir et épais recouvra la terre.

Puis, comme par miracle, le vent s’arrêta de hurler et la terre de trembler. Le jour se leva, à nouveau, pour la deuxième fois. Encore plus radieux et éclatant. Tout était redevenu comme avant ou presque car une excroissance lumineuse se dressait maintenant au milieu de la prairie, désignant le chemin jusqu’au ciel. Elle irradiait de couleurs fantastiques.

Noyé au milieu de cette beauté extraordinaire, un petit poulain chancelant cherchait la rivière pour se rafraichir. Il avait soif. Il avait peur. Il ne trouvait plus sa famille.

Ravigoté par une longue lampéed’eau, il s’apprêtait à reprendre son errance quand une apparition le fit sursauter. Face à lui se tenait un drôle d’animal. Il se tenait sur deux pattes, il avait un corps recouvert de plumes, deux autres petites pattes pendaient le long de son corps, dont l’une dotée d’un grand bâton et au-dessus, une tête ronde et deux gros yeux noirs.

Comme s’il l’avait entendu penser, le drôle d’animal lui répondit :

-non, je ne suis pas un animal, Je suis un humain et ma tribu vit dans la forêt, juste à côté. Et ce qui pend à mon bras, pour ta gouverne, c’est un arc. Grace à lui, je peux chasser en tirant des flèches.

Le petit poulain intrigué l’écouta avec intérêt. Il avait oublié sa peur

-tu es tout seul ?  Lui demanda le petit indien curieux en regardant autour de lui. Où sont les tiens ?

Le petit poulain prit son temps avant de répondre :

-Ils se sont envolés

-tu dois faire erreur car les chevaux ne volent pas, lui répondit le petit indien, sûr de lui.

– Si, ils volent répondit le petit poulain d’une voix émue, je l’ai vu. Et il lui raconta son histoire :

-Il faisait noir quand c’est arrivé ; je les voyais courir dans tous les sens et je voulais les rattraper mais je ne pouvais pas car j’étais paralysé et j’ai vu le ciel les manger.

Le petit indien comprit sa détresse et lui confia alors son secret :

-nous aussi, nous avons eu très peur. Nous nous sommes allongés autour du feu en nous tenant la main. Moi, j’étais terrifié. J’ai pensé que nous allions tomber au centre de la terre et je me suis mis à pleurer. Mais tout à l’heure, nos sages nous ont expliqué que la terre était malade et qu’elle avait craché tout ce qu’elle avait de mauvais ; que le ciel était venu à son secours en créant une passerelle pour qu’elle ne se sente jamais plus seule.

Après un moment de réflexion, il rajouta :

-Moi, un jour, je grimperai tout en haut pour aller derrière les nuages. Au fait, je m’appelle Wapi, ça veut dire heureux chez nous ! et toi, comment t’appelles-tu ?

– Crinière d’Or lui répondit le petit poulain

-ce nom te va bien s’exclama Wapi, Je n’ai jamais vu une aussi belle crinière que la tienne. On dirait qu’elle est tissée de fils d’or.

Crinière d’Or se sentait presque heureux :  Cette rencontre inattendue et insolite l’amusait.

-Dis, continua Wapi, on pourrait faire un tour. Qu’en penses-tu ?

-Bonne idée, s’écria Crinière d’Or. Sa tristesse s’était légèrement dissipée.

Les deux amis chevauchèrent tranquillement admirant la splendeur de la nature puis Crinière d’Or amorça un petit galop pour tester la solidité de ses pattes. Prenant de l’assurance, il galopa de plus en plus vite au grand bonheur de Wapi qui se sentait voler ! Les deux compères s’amusaient et s’émerveillaient de leur nouvelle complicité.

-Regarde ! s’exclama soudain Wapi en montrant une masse noire dévalant la passerelle lumineuse.

Crinière d’or s’arrêta pour observer. Il n’en crut pas ses yeux. …

-c’est ma famille ! s’exclama-t-il interloqué. J’avais pourtant vu le ciel les avaler…

En effet, la masse noire n’était autre que la horde de chevaux sauvages. Le troupeau se rapprochait rapidement et bientôt, il encercla chaleureusement les deux amis, faisant fête autour d’eux.

Crinière d’Or et Wapi ne savaient plus où donner la tête. Très excités, ils voulaient tout savoir et leurs questions se bousculaient sans fin dans un joyeux tintamarre. 

-Chuttt… un peu de calme s’écria celui qui devait être le chef de la horde des chevaux sauvages. Nous allons tout vous raconter. Aussitôt, Le silence se fit et il prit la parole.

Lorsque la nuit s’est abattue de façon si inquiétante, la panique nous a fait galoper dans tous les sens et certains d’entre nous se sont fait très mal. Nous ne savions plus quoi faire ni où aller nous réfugier. Mais, soudain, un chemin nous est apparu dans la pénombre et nous nous y sommes tous engouffrés. Il était raide ce chemin et n’en finissait plus de monter. Après une longue course épuisante, nous avons atteint les nuages et nous nous sommes tous endormis profondément.

Bouches bée, Crinière d’Or et Wapi buvaient ses paroles. Ils s’y voyaient bien là-haut, endormis sur un nuage…

– Qui vous a réveillés ? demandèrent-ils à l’unisson

-nous nous sommes réveillés naturellement, répondit le chef des chevaux sauvages, toutes nos forces étant revenues. Il était temps de redescendre et de te chercher. Nous avons compris que le ciel nous avait envoyé ce chemin pour nous sauver du désastre.

Subjugué Wapi se retourna pour admirer à nouveau la passerelle magique.

Ses yeux s’agrandirent sous le choc de sa découverte :

-la passerelle a disparu s’écria-t-il effaré

Tous suivirent son regard. Là où elle se tenait quelques instants auparavant, il n’y avait plus rien.

-nous ne la voyons plus expliqua posément le chef de la horde mais elle est toujours là. Elle peut apparaitre de temps en temps ou rester invisible ; il faut juste savoir qu’elle sera toujours là pour nous venir en aide… c’est la main que le ciel tend à la terre.

-Mais comment ferais-je pour monter jusqu’aux nuages si je ne la vois pas ? ça va être compliqué…s’inquiéta Wapi

-Quand le temps sera venu, elle se présentera à toi, crois-moi répondit le chef des chevaux sauvages.

Wapi resta silencieux, réfléchissant sur ses propos.

-et moi aussi, je viendrai avec toi s’exclama soudainement Crinière d’Or, surprenant tout le monde par sa spontanéité.

Il rayonnait de bonheur. Il avait retrouvé sa famille et un nouvel ami.

Wapi sourit et mit pied à terre. Il était temps de partir retrouver les siens et de laisser Crinière d’Or profiter de sa famille. Il avait le cœur lourd de quitter son nouvel ami mais Il savait qu’ils se retrouveraient pour découvrir ensemble les promesses de ce monde invisible, là-haut, tout là-haut.

Un jour, la passerelle scintillera à nouveau de couleurs fantastiques pour les inviter sur le chemin.

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