Ce matin, les nuages se sont donné rendez-vous et ils sont si nombreux qu’ils recouvrent tout le ciel. Il s’agit sans doute d’une grande réunion de famille, aucune parcelle de bleu n’est visible. Il y a les tout petits nuages, bien blancs et mousseux, les plus gros, imposants comme des montagnes, les plus anciens gris et joufflus. Ils se déplacent à toute vitesse, sans se lâcher et se transforment en un rien de temps.
Zéphyrin, le petit vent, les observe depuis un moment et il est fasciné. Il s’amuse à deviner les formes. Il croit voir une cheminée qui fume, un petit lièvre qui détale à toute vitesse, puis des pics recouverts de neige, et même la silhouette d’un bonhomme avec sa pipe ! Il est si absorbé par son jeu qu’il en a même oublié Sunny le petit soleil à qui il voulait raconter ses aventures de la nuit. D’ailleurs où est-il ce matin ?
Il a beau scruter le ciel, il ne voit que des nuages et pas la moindre trace de son ami.
-où es-tu ? crie -t-il, je ne te vois pas.
Pas de réponse.
-Montre-toi ! s’entête-t-il
-Ici, répond Sunny d’une voix lointaine, je suis juste derrière les nuages mais tu ne peux pas me voir car mes rayons sont très pâles ce matin.
-Dommage répond Zéphyrin, sais-tu pourquoi tous ces nuages sont là, aujourd’hui ? j’ai beau souffler, je n’arrive pas à les déplacer.
Zéphyrin n’a pas un gros souffle, ce n’est pas comme son père, le mistral ou son oncle, la tramontane, quand ils se lèvent, rien ne leur résiste mais aujourd’hui, ils ne sont pas là.
-Ces nuages préparent peut-être l’arrivée de Madame la Pluie chuchote Sunny
Zéphyrin tend l’oreille pour mieux l’entendre, mais à peine comprend il les paroles de son ami que les nuages se noircissent et que des larmes se mettent à couler.
-Regarde, ils pleurent, les pauvres ! s’exclama Zéphyrin attristé
En effet, les nuages déversent leur trop-plein. Les gouttes d’eau se transforment en rideau et une pluie battante arrose la terre.
Zéphyrin n’est pas très rassuré. Toute cette eau, d’un coup…
Il entend soudain Sunny, rire à gorge déployée :
-Ne t’inquiète pas Zéphyrin, Madame la Pluie est toujours la bienvenue. Elle donne à boire à la terre. Et tu vois, mes rayons reprennent de la force. Regard ce que je te prépare.
Sous les yeux ravis et étonnés de Zéphyrin, un superbe arc-en-ciel semble surgir de terre.
Il est magnifique. C’est un pont gigantesque et multicolore qui enjambe l’horizon. Bleu, rouge, jaune, ses couleurs scintillent et se fondent entre elles, elles apparaissent et disparaissent… Zéphyrin soupire de bonheur. Quel spectacle !
Il aimerait tant l’attraper cet arc-en-ciel et se faufiler entre ses arcs ! D’ailleurs, pourquoi ne pas essayer ?! Séduit par l’idée, il s’envole à la conquête de l’arc-en-ciel.
Madame la Pluie est repartie, les nuages se sont évaporés et le ciel est redevenu tout bleu au-dessus d’une terre lavée et mouillée, prête à faire pousser ses jolies plantes.