Le rêve et la vie ; la vie et le rêve et l'extraordinaire voyage de Léonie.

LEONIE ET LE DRAGON

Ghis écrit, Graines de rêves

LEONIE ET LE DRAGON

Léonie est terrifiée. Recroquevillée au fond de son lit, elle se bouche les oreilles pour ne plus entendre les rugissements du dragon. Le monstre hurle de colère et secoue la maison de toutes ses forces comme s’il voulait l’écraser.

Qu’il s’en aille cet horrible monstre …supplie Léonie, il me fait trop peur. Tremblante d’effroi, elle s’enfonce encore plus profondément dans son lit car elle n’ose se réfugier dans la chambre de son papi et de sa mamie par crainte d’être kidnappée par le monstre.

Elle était si heureuse de passer quelques jours avec son papi et sa mamie dans leur maison au bord de la mer mais maintenant, elle voudrait tant retrouver les bras rassurants de son papa et de sa maman…

Soudain, elle se sent soulevée puis emportée et secouée ; elle tourbillonne à folle allure comme une toupie ; elle veut crier pour appeler du secours, mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle est terrorisée et ferme les yeux de toutes ses forces. Elle est dans les griffes du dragon, c’est sûr.

Et puis, plus rien. Les hurlements du monstre ont cessé, les secousses aussi.

Léonie, peu rassurée, ouvre un œil puis l’autre et se retrouve adossée au pied d’un chêne, sur un beau tapis de mousse parsemé de fleurs multicolores.  Le ciel est d’un bleu profond et le chant des oiseaux est une douce mélodie.

Elle ne reconnait rien. Sa chambre a disparu. Où sont papi et mamie ?  Avec précaution, elle examine l’endroit ; c’est une clairière. Il n’y a même pas la mer. Mais où cela peut bien être ?

-il ne faut pas rester là, entend-elle

Elle tourne la tête dans tous les sens mais ne voit personne.

-ici, ici, regarde devant toi, par terre continue la voix

Incroyable, c’est un petit lapin qui lui parle ! Il s’est dressé devant elle sur son train arrière. Tout mignon, au pelage marron et blanc.

– c’est bizarre se dit Léonie, je ne savais pas que les lapins parlaient…

-Il ne faut pas rester là continue le lapin, car l’ours n’aime pas les étrangers, il les mange. Et toi, tu es une étrangère…

-je ne comprends rien répond Léonie ; Et le dragon, où est-il ? et vous ? qui êtes-vous ?

-Je m’appelle Bunny et je veille au bonheur de cet endroit.

-moi, c’est Léonie

Oui, je sais répond Bunny. Je ne connais pas ton dragon mais je connais notre ours. Maintenant suis-moi, je vais te mettre à l’abri mais il ne faut pas trainer.

-mais pourquoi voudrait-on me manger ?

-parce que l’ours n’aime pas les étrangers ; maintenant dépêche-toi et suis-moi.

Effrayée, Léonie décide d’obéir et suit Bunny. Mais c’est dur de suivre un lapin.

-plus vite, plus vite, dit Bunny, c’est bientôt l’heure de sa ronde.

A bout de souffle, Léonie ne lâche pas de vue le petit derrière de Bunny. Enfin, le lapin s’arrête devant un trou.

-c’est ici, faufile-toi là, lui dit-il

-mais je ne peux pas, je suis beaucoup trop grande et trop grosse s’exclame Léonie choquée devant l’étroitesse du trou. Sa poupée préférée, la plus petite, n’y rentrerait même pas.

-si tu t’aplatis bien, tu y arriveras insiste Bunny, c’est important sinon l’Ours te verra.

Terrifiée à l’idée de se faire manger par l’ours, Léonie se plie dans tous les sens pour tenter de passer dans le petit trou. A sa grande surprise, elle parvient à y glisser la tête puis le reste suit. L’atterrissage est un peu mouvementé mais elle se retrouve dans une caverne plutôt confortable. Elle s’y sent toute de suite à l’aise.

Bunny la rejoint.

-Maintenant, chut !  Plus un bruit recommande-t-il.

Bientôt, des coups sourds se font entendre et la caverne se met à trembler comme si elle allait s’effondrer. Léonie est épouvanté et se recroqueville sur elle-même.  Bunny lui fait signe de ne surtout plus bouger. Elle ose à peine respirer.

Enfin, après une attente interminable, le bruit s’éloigne et la caverne se stabilise.

– l’ours a terminé sa ronde explique Bunny. C’est bon, il est passé, tu es sauvée !

-Je voudrais tellement rentrer chez moi se lamente Léonie mais je ne sais pas comment retrouver ma maison.

-t’inquiète ! je vais t’aider lui répond Bunny. Sortons d’ici.

Le lapin la précède pour remonter le trou ; Non sans de gros efforts, Léonie y parvient en se ratatinant. Incroyable comme le corps humain est élastique !  Enfin éjectée à l’air libre, elle crie de joie et de soulagement.

Soulagement de courte durée car elle se rend compte que son beau pyjama est noir de terre. Oh ! que va dire mamie ? et elle se met à le brosser pour en détacher les saletés.

Mais alors qu’elle lève la tête, elle se retrouve face à une tortue géante. Choquée, elle trébuche et se retrouve à nouveau le nez par terre.

-Reste avec nous petite, s’exclame la tortue géante. Désolée de t’avoir fait peur mais Je ne te veux aucun mal au contraire. Je m’appelle Gertrude et je suis très contente de faire ta connaissance.

Léonie se redresse et la scrute avec inquiétude. C’est une géante. Presque aussi haute que les arbres. Sa carapace est magnifique et brille comme de l’or.

Léonie reste bouche bée.

-je te propose de t’emmener lui dit Gertrude. Avec tes pauvres petits pieds nus tu n’irais pas loin. Appuie-toi sur ma patte puis grimpe en prenant appui sur mes prises, comme si tu faisais de l’escalade ; – et je sais que tu adores cela –  une fois là-haut, accroche toi bien à mon cou.

Léonie hésite.

-oui j’adore l’escalade, mais moi, je veux surtout retrouver mon papi et ma mamie pleure -t- elle

– Je t’y emmène Léonie

-vous connaissez mon nom ?

-Ici, tout le monde te connait, s’esclaffe Gertrude.

Léonie se rapproche de Gertrude avec précaution et pose son pied sur sa patte tendue. Puis, de prise en prise, elle se hisse sur son dos. Comme à l’escalade. Arrivée au sommet, elle s’accroche à son cou.

-bien installée ? lui demande Gertrude

-oui lui répond timidement Léonie.

-Alors en avant l

Et Gertrude se met doucement en route. Devant elle Bunny ouvre le chemin.

Léonie est heureuse. Sa frayeur a disparu. Elle est fière de s’agripper au cou de Gertrude. De son poste, là-haut, perchée, la vue est exceptionnelle. La tête dans les nuages et le nez dans les cimes ! Quoi de mieux ?! Une ribambelle de mouettes volette joyeusement autour d’elle et lui font tourner la tête dans tous les sens.

-que vous êtes belles leur crie Léonie, enchantée de les voir de si près

Pour la remercier, les volatiles crient leur joie en effectuant une danse acrobatique.

-ne lâche pas mon cou la prévient Gertrude, tu risques de tomber de haut !

Léonie se redresse, toujours captivée par le spectacle. Mais un grondement sourd de plus en plus persistant, entrecoupé de rires, l’intrigue et la fait se retourner…

-oh ! s’exclame-t-elle 

Elle se retrouve nez-à-nez avec une girafe ! les yeux dans les yeux. Sa petite tête, ses grosses oreilles et son regard si doux. Léonie perd le contrôle et vacille dangereusement à droite et à gauche. Elle adore les girafes, elle les trouve si élégantes…

-Attention lui crie Gertrude, tu vas tomber…

Léonie se rattrape de justesse et se stabilise.

-il y a plein d’animaux derrière nous, chuchote-t-elle

En effet, derrière Gertrude, à côté de la girafe, des biches et des cerfs en rangs serrés, des renards à la queue rousse et plein de petits bunny. Tous se bousculent pour rester au plus près de Gertrude.

-oui, c’est normal, nous te raccompagnons tous chez toi lui répond Gertrude.

L’étrange cortège continue sa route.

Tout est si étrange se dit Léonie.

Soudain, Bunny et Gertrude s’arrêtent brusquement. Le groupe derrière eux, trop occupé à s’amuser, les percutent violemment et Gertrude chancelle, projetant malgré elle, Léonie en l’air. Tous regardent avec consternation Léonie s’envoler et craignent le pire. Quelques secondes éternelles dans le silence total.

Léonie éberluée, vole dans le nuage puis retombe comme par magie exactement à sa place sur le dos de Gertrude.  

Le groupe hurle de joie et Gertrude soupir de soulagement : ouf, le drame est écarté.

-C’est tout de même un peu risqué de faire de la tortue se dit Léonie. Je m’en suis bien tirée malgré tout…

– Mais, Je reconnais cette clairière s’exclame-t-elle tout d’un coup, j’y étais hier ou tout à l’heure…

-oui, tu as raison. Nous sommes arrivés à notre destination. Maintenant pour descendre, laisse-toi glisser doucement et tout se passera bien, lui recommande Gertrude

Prudemment Léonie amorce sa descente et retrouve le sol en douceur.

Je suis si fatiguée dit-elle en étouffant un bâillement ; elle se dirige naturellement vers le chêne pour s’y adosser.

Les animaux font cercle autour d’elle pour être au plus près. Les renards prennent place au premier rang. Mademoiselle la girafe broute la cime du chêne. Les cerfs et les biches sont serrés les uns aux autres et la regardent avec tendresse, une famille de petits Bunny l’observe avec bienveillance.

Soudain Léonie épouvantée pointe son doigt vers l’horizon et se met à crier :

-L’ours, l’ours là-bas… il va me manger.

-Il n’y a pas d’ours ici…Léonie ouvre les yeux et découvre le visage souriant de sa mamie penchée sur elle.

-et le dragon…

– je te rassure, il n’y a pas d’ours…ni de dragon

Léonie se dresse et balbutie

-Ah ! je suis dans mon lit…. Mais où sont Gertrude et Bunny ?

-Je ne sais pas de quoi tu parles ma chérie, Il est temps de te lever pour prendre ton petit déjeuner

-mamie, j’ai mis de la terre sur mon pyjama et sur mes pieds…

-Mais non voyons ! ton pyjama est propre… et tes petits pieds aussi…tu rêves encore… rajoute Mamie

Les yeux ensommeillés, Léonie chuchote :

-Mamie, si tu savais ce que j’ai vu….

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