Pauline boude. Elle ne peut pas mettre ses nouvelles baskets, sa maman vient de les ranger dans le placard…
… C’est tellement injuste. Elle les adore ! Elles sont blanches, parsemées de billes de couleur et se ferment avec un scratch rose et bleu.
Ce que Pauline ne sait pas c’est que ces baskets-là, sont très spéciales.
Rangée dans le placard, sur une étagère, les baskets soupirent de déception. Elles ne s’attendaient pas du tout à un tel sort en choisissant Pauline.
-J’ai peur du noir chuchote la basket gauche en tremblant,
-moi aussi murmure la basket droite,
-je ne peux pas rester là, dit la basket gauche, je vais étouffer…
-Moi aussi, mais on va trouver un moyen pour s’en sortir, la rassure la basket droite
-C’est impossible, se désespère la basket gauche
– J’ai une idée lui dit la basket droite, on va sauter…
-Mais la porte est fermée lui répond la basket gauche,
-Pas entièrement, regarde, on aperçoit un filet de lumière
La basket gauche remarque enfin la lumière.
-Et ensuite, on fait comment ? s’inquiète la basket gauche,
-On pousse la porte et on cherche une fenêtre, lui propose la basket droite,
-Oui, mais si fenêtre est fermée…,
-On n’en sait rien, rétorque la basket droite, on se débrouillera, déjà on sera sorties de ce placard.
-Tu as raison murmure la basket gauche,
-Prête ? On saute ? lui demande la basket droite,
– je crois que je ne vais pas y arriver, c’est trop haut, répond le basquet gauche
-Tout va bien se passer, on est sportive. Je compte jusque trois…et on saute.
-Un, Deux, Trois… compte la basket droite et ensemble, les deux baskets sautent et atterrissent en bas du placard.
-ça va ? demande la basket droite,
-Oui, mais j’ai eu peur répond la basket gauche
– Poussons la porte pour sortir lui dit la basket droite,
Elles s’adossent contre la porte et poussent de toutes leurs forces mais elle est si lourde cette porte, qu’elle bouge à peine. Les baskets unissent à nouveau leurs forces et poussent encore plus fort. Enfin la porte cède légèrement. Elles se faufilent vite et se retrouvent dans le couloir. La lumière du jour les éblouit.
-Ne restons pas là, allons dehors maintenant, dit la basket droite,
-D’accord, mais comment veux-tu faire, tout est fermé constate la basket gauche,
-Non, regarde, cette fenêtre est entrebâillée ;
Elle désigne la fenêtre de la cuisine.
-Mais elle est trop haute, on ne pourra jamais l’atteindre, répond la basket gauche,
-Je suis certaine que c’est possible, il faut juste qu’on s’entraine répond la basket droite, tu me suis ?
-D’accord soupire la basket gauche, mais je ne suis pas aussi sportive que toi,
Au lieu de répondre, la basket droite prend son élan et… retombe.
-Tu vois, on n’y arrivera pas remarque la basket gauche,
-C’est normal, on n’a pas l’habitude de sauter si haut. Penses plutôt à ce qui nous attend quand on sera dehors.
– Oui, mais la petite Pauline, comment va-t-elle nous retrouver s’inquiète La basket gauche,
-On se débrouillera, lui répond la basket droite, on y retourne ?
Les deux baskets prennent leur élan et retombent ; elles ne sautent pas assez haut pour atteindre la fenêtre mais elles s’entêtent car la liberté d’aller jouer est juste de l’autre côté.
Après d’innombrables chûtes, elles parviennent enfin à passer par la fenêtre entrouverte et badaboum, se retrouvent dans le jardin.
-Aïe, ça fait mal se plaint la basket gauche,
-Oui, mais on a gagné lui répond la basket droite, à nous la liberté !
Elles se mettent à sautiller de joie et s’élancent à l’aventure dans le jardin. Elles courent dans les allées, se cachent derrière les buissons, sautent par-dessus les flaques d’eau, évitent de peu les limaces et les escargots et rient à en perdre le souffle.
-Stop, je n’en peux plus dit la basket gauche essoufflée,
-d’accord ; on s’arrête, derrière ce gros arbre ? propose la basket droite ;
-Mais quelle horreur, s’écrie la basket gauche, regarde, on est toute tâchées de terre et d’herbes, on ne voit même plus notre jolie couleur blanche et nos billes de couleur.
La basket droite éclate de rire.
– C’est vrai que nous sommes méconnaissables mais ce n’est pas grave, on nous nettoiera. Viens plutôt te reposer. Je suis fatiguée et j’aimerai dormir un peu après tous ces exploits.
La basket gauche se blottit contre la basket droite et ensemble se laissent emporter par un sommeil réparateur.
Au bout d’un moment, la basket gauche sursaute,
-Dis, il faut qu’on y retourne. Pauline va nous chercher…
-Tu as raison lui répond la basket droite. Allons-y. Mais je te préviens, je ne retourne pas dans le placard
-Moi non plus, lui la basket gauche, on restera sur le paillasson de l’entrée.
Aussitôt dit, aussitôt fait, les deux baskets reprennent le chemin du retour, sautent par la fenêtre, dans ce sens, c’est plus facile et se placent sur le paillasson.
Pendant ce temps-là,
Pauline n’est pas tranquille, elle n’a qu’une idée en tête, mettre ses nouvelles baskets. Sans bruit, elle ouvre la porte du placard pour les récupérer. Mais… elles ne sont plus là !
Elle n’ose pas appeler sa maman, c’est elle qui a dû les cacher…mais tout de même, elle veut mettre ses baskets.
-Maman, où as-tu mis mes baskets ? s’écrie Pauline
-Tu sais bien que je les ai rangées dans le placard
-Elles ne sont pas dans le placard se plaint Pauline
Sa maman constate qu’il n’y a plus de baskets.
-Où les as-tu cachées, Pauline ?
-Mais je ne les ai pas cachées se défend Pauline.
Ensemble, elles cherchent. Pas de baskets.
– tu crois qu’on les a volées demande Pauline
– non, ce n’est pas possible, répond sa maman
Pauline et sa maman cherchent dans toutes les pièces. En vain. Puis sa maman les repère près de la porte, pleine de terre.
-Pauline, elles sont là ! et j’aurai bien aimé que tu me dises que tu les avais prises. Tu es donc sortie.
-Mais non, se révolte Pauline, je ne suis pas sortie.
-Ce n’est pas beau de mentir lui répond sa maman.
Pauline ne comprend rien. Comment ses baskets ont pu se retrouver sur le paillasson, toutes sales, alors qu’elles étaient rangées dans le placard et qu’elles sont toutes neuves ? Un mystère.
-je te laisse le soin de les nettoyer lui dit sa maman en s’éloignant.
Pauline, les bras ballants contemple ses baskets. Soudain, elle entend :
– « On va bien s’amuser avec toi… Pauline » mais s’il te plait, ne nous met plus dans le placard »
Surprise, Pauline se retourne, il n’y a personne… Elle est peut-être en train de dormir et de rêver….