Ce matin, Sunny, le petit soleil, est triste. Assis inconfortablement sur un morceau de nuage, les rayons repliés sur eux-mêmes, il médite sur son infortune. Pourtant il avait passé une bonne nuit. Il avait même rêvé de Mademoiselle la Lune. Et lorsqu’il rêve de Mademoiselle la Lune, il est toujours heureux.
Il s’était levé tôt, de bonne humeur et avait bien étiré ses rayons pour qu’ils soient éclatants de lumière. Tout guilleret, il avait décidé d’aller faire un tour dans les bois. Il avait vite déchanté, cependant. Les arbres, serrés les uns contre les autres et très feuillus barraient le passage à ses rayons. Il avait tenté plusieurs fois de glisser entre les feuilles mais rien à faire, ses rayons restaient bloqués tout en haut, à la cime. Impossible de passer.
Désemparé, il en avait conclu qu’il n’était pas le bienvenu dans la forêt. Il en aurait presque pleuré, là, assis sur son bout de nuage.
-Bonjour Sunny ! la voix familière de son ami Zéphyrin, le petit vent, résonne dans l’atmosphère et le fait sursauter.
-Tu en fait une bouille ! continue-t-il en l’embrumant dans ses volutes d’air. Son ami avait une petite mine triste toute pâlotte, ce qui était très rare. Où étaient donc passées ses couleurs ?
Sunny ne répond pas.
– Dis-moi ce qui te chagrines, insiste Zéphyrin.
Devant la gentillesse de son ami, Sunny décide de lui confier sa peine.
« Les arbres ne m’aiment pas et m’interdisent d’entrer dans la forêt » lui dit-il
– Je pense que tu te trompes lui répond Zéphyrin spontanément, les arbres t’aiment et ils ont besoin de toi .
En dépit des mots de réconfort de son ami, Sunny reste tristounet.
Zéphyrin réfléchit un instant.
-j’ai trouvé une solution ! s’écrie-t-il soudain ! je vais souffler sur les arbres et les branches vont s’écarter, tu pourras ainsi lancer tes rayons et entrer dans la forêt.
Sunny semble d’accord pour tenter l’expérience.
Sans plus attendre, Zéphyrin souffle de toutes ses forces. Comme prévu, les branches s’écartent et Sunny peut pénétrer dans la forêt et réchauffer la végétation. Mais, très vite le petit vent doit s’arrêter car il est à bout de souffle. Les arbres se referment alors et les rayons de Sunny s’immobilisent dans les cimes.
Sunny s’attriste à nouveau. La joie aura été de courte durée.
Zéphyrin n’a plus de souffle et il a du mal à parler mais il a une autre idée car il ne peut pas laisser son ami déprimer ainsi. Il lui propose alors de survoler la forêt. Lentement. Sunny est d’accord et les deux compères se mettent en vol. Bientôt Zéphyrin lui montre une trouée, les arbres sont plus espacés.
-vas-y l’encourage-t-il ! lance tes rayons
Sunny ne se fait pas prier et envoie ses rayons caresser en douceur la clairière. Entre temps, Il a repris de l’éclat et de la couleur.
Ils observent maintenant avec bonheur l’effet soleil sur la nature et les animaux. Deux biches traversent tranquillement la clairière, un beau renard roux se roule de plaisir dans l’herbe, une famille entière de lièvres s’installe pour discuter et de jolis papillons multicolores dansent joyeusement au rythme du chant des oiseaux. C’est la fête.
Les deux amis ne se lassent pas du spectacle et se plongent avec ravissement dans l’atmosphère festive.
-qu’elle est belle cette forêt ! lui dit Zéphyrin, tu as le don de créer la fête et le bonheur et tu vois, tout le monde t’aime. Après cette merveilleuse journée, je rentre me coucher car je suis fatigué mais grâce à toi, j’ai les yeux pleins d’étoiles. Bonne nuit mon ami.
D’une pirouette, il se dissout dans l’air.
-Bonne nuit Zéphyrin ; tu es mon héros lui crie Sunny, très ému.
Il est heureux. Ses yeux pétillent encore de bonheur mais ses paupières deviennent lourdes. Il replie alors doucement ses rayons en les colorant de rouge juste avant de disparaitre derrière l’horizon.