5 novembre 2020 – Un ptit coup de mou !

Babette de Covid

5 novembre 2020 – Un ptit coup de mou !

Les jours glissent sans bruit. Ils se fondent les uns dans les autres. Uniformément. Difficile d’en saisir un qui soit mémorable. Rien d’exceptionnel à quoi se rattacher.
Babette est obligée de faire un effort intense pour se souvenir d’une journée précisément. Son contenu s’efface au fur et à mesure qu’il s’écrit.

Des jours occupés à meubler. A meubler l’espace-temps. A anesthésier la pensée pour éviter la confrontation au confinement, à l’angoisse de lendemains trop lointains et incertains.
Pourtant, le temps est un luxe. Je n’ai jamais été aussi riche, se dit Babette. Et voilà que je dilapide ma fortune d’une façon insensée. A tourbillonner sans but précis. A remplir de rien cet espace vide.

Et ces voyages, ces sorties, ces rencontres, quand pourrais-je les faire ? Sera-t-il encore temps ? En aurai-je encore envie ?
Drôle de façon d’amorcer sa vie. Drôle de façon de vieillir aussi.
Babette a la sensation de couler. Doucement mais sûrement. Dur de garder la tête hors de l’eau et de respirer calmement quand le reste n’est que chaos et incertitude. Sans doute se débat-elle trop fort ?
Et puis l’impression persistante d’être seule au monde, oubliée de tous, comme si son existence même avait été rayée de la surface de la terre.

Bon !  Peut-être est-il temps de chausser les basquettes et de filer faire un jogging dans l’heure gracieusement offerte pour semer tous ces démons ?

Résignation
Une immense lassitude pèse sur Babette qui promène un regard morne sur sa vie. Impossible d’envisager le futur. Elle n’est pas médium, bien sûr, mais d’habitude, elle se voit facilement randonner dans une contrée sublime et se prouver que le vertige est définitivement guéri ; elle se voit baroudeuse, découvrant le désert de Jordanie à dos de chameau ou rêvassant entre les mains expertes des artisans du bien-être dans un spa cinq étoiles. Mais là, impossible. Son regard se heurte au quotidien, sans surprise, sans fantaisie, ni beauté.

Sa vie se tend ou se détend au fil de l’actualité, entre un et vingt kilomètres et se confine la nuit venue. Babette soupire profondément. L’espoir de lendemains enchanteurs, l’envie et la force de construire, de créer, envolées. Tout bonnement.

Babette, dépitée, s’admet vaincue et accepte la fatalité. Quel dommage tout de même. Mais après tout, pourquoi lutter ? Il est tellement plus facile de subir. Rentrer dans le ronronnement négatif ambiant. Ne rien attendre. Se résigner à la médiocrité.

Et ces médias qui nous posent en voyeurs, s’agace Babette. Ils nous rendent témoins involontaires des drames du monde entier, de souffrances pour lesquelles on ne peut que compatir, impuissants. Non. Cette cascade de révélations morbides n’est pas un partage. L’effroi se décuple chaque jour devant l’horreur de la pandémie qui piège la terre entière.

Envie de pleurer. Il n’y a pas d’échappatoire. Pour la première fois depuis le tout début de cette épreuve, Babette se sent désespérée. Comme si, nous étions tous entrés, par erreur dans un mauvais film dont le script n’en finit pas de se noircir sous la folie d’un metteur en scène insaisissable.

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