Il était une fois…

Ghis écrit, Graines de rêves

Il était une fois…

… un joli petit gland qui était très malheureux. Il était mal tombé. Un grand coup de vent l’avait projeté loin de son chêne et dans sa chute il avait glissé sous une grosse feuille. Depuis il ne pouvait plus bouger et s’ennuyait. Seuls ses rêves de liberté l’aidaient à passer le temps.

Un jour, il sentit le souffle de Zéphyrin le petit vent, sur la feuille. Elle bougeait ! C’était sa chance et il devait la saisir.

-Zéphyrin, Zéphyrin s’époumona-t-il

Zéphyrin qui se roulait dans l’herbe et dans les feuilles pour s’amuser, crût entendre son nom mais après un rapide coup d’œil, il ne vit personne, ce qui l’intrigua. Néanmoins, il s’écria :

-Quelqu’un m’a appelé ?

A sa grande surprise, une petite voix fluette lui répondit :

-Oui, c’est moi !

-Où es-tu, je ne te vois pas ?

-Sous la grosse feuille jaune dentelée.

 Curieux, Zéphyrin souffla sur la feuille pour la déplacer et découvrit un tout petit gland.

-Tu es bien petit s’exclama-t-il en riant.

-Ce n’est pas de ma faute lui répondit le petit gland un peu vexé.

-Comment t’appelles-tu ?

-Je n’ai pas de nom.

-On pourrait t’en trouver un, lui suggéra-t-il.

-Pourquoi pas ? ! lui répondit le petit gland, surpris par l’idée.

-Que penses-tu de « petit bout » car tu es vraiment très petit !

-C’est moyen…

-Alors peut-être « Petit gland » ?… Tenta Zéphyrin.

-Ce n’est pas original…

-Et pourquoi pas « Glanou » ? proposa-t-il à court d’idées.

-Oui, ça me plait s’écria le petit gland, ravi d’avoir un joli nom.

-Parfait Glanou ! que voulais tu me demander ?

-Je voudrais que tu m’emmènes avec toi, le supplia-t-il, ici, je suis coincé et je m’ennuie.

-Je te comprends lui répondit Zéphyrin content de rencontrer un petit compagnon de jeux. Je vais souffler fort et tu en profiteras pour sauter sur mon dos. D’accord ?

-D’accord ! s’exclama Glanou avec enthousiasme. Sa vie allait enfin changer. Mais pour cela, il lui fallait grimper sur le dos de Zéphyrin le petit vent, ce qui n’était pas une mince affaire pour un petit gland.

Il tomba souvent, parfois il se faisait très mal mais sans cesse, il recommençait car il voulait vraiment partir. Il parvint enfin à s’agripper fermement à Zéphyrin. Mais tout n’était pas encore gagné car il lui fallait garder l’équilibre pour rester sur son dos. Ce furent d’autres exercices périlleux et décourageants qu’il dû supporter avant de se stabiliser. Puis, ô bonheur, Zéphyrin put enfin décoller en toute sécurité pour son petit compagnon, et amorcer un premier vol en rase motte au-dessus des champs.

Glanou s’émerveillait de la gamme chatoyante des couleurs de la terre. Il se laissait bercer par le rythme doux du souffle de Zéphyrin en se demandant s’il n’était pas en train de rêver. Mais soudain, le rêve se transformât en cauchemar quand il aperçut une mésange qui fonçait droit sur lui.

-Au secours Zéphyrin, vite, vite, sauvons-nous, la mésange va me manger… Glanou était en panique. Le bec de la mésange n’était plus qu’à quelques centimètres de son pauvre petit corps.

Zéphyrin n’avait pas entendu les cris de désespoir de Glanou car il y avait trop de bruit. Mais il repéra une mésange qui se rapprochait beaucoup trop vite et comprit enfin l’urgence de protéger Glanou. Il vira brusquement de direction et plongea dans un gros taillis. La mésange, désarçonnée et interloquée de voir disparaitre sa proie, s’éloigna à tire d’aile, le bec encore entr’ouvert. 

Glanou avait fermé les yeux et attendait, résigné, d’être avalé par la mésange. Puis comme rien ne se passait, il osa ouvrir un œil, puis l’autre. Il était en vie.

-Merci Zéphyrin s’exclama-t-il, la voix chevrotante. Tu m’as sauvé la vie… Sans toi je serai dans le ventre de la mésange.

-N’y penses plus ! Reprenons plutôt notre belle ballade, répondit Zéphyrin. À nouveau, les voilà survolant les prés et les champs.

Glanou respirait. Il s’en était fallu de peu…Ses yeux se posèrent alors sur une magnifique rose dont il ne pouvait détacher son regard.

-Zéphyrin, chuchota-il, pourrais-tu te rapprocher de cette belle fleur là-bas, près de la haie ?

-A vos ordres chef !  Plaisanta Zéphyrin. Accroches toi bien ! Il prit son élan en gonflant son souffle et se propulsa sur la fleur. Mais alors qu’il s’apprêtait à atterrir, il dû rebondir violemment en arrière en criant de douleur.

-Aïe ! Ça pique !

-C’est normal lui répondit la rose en riant, tu t’approches beaucoup trop près et je me défends.

-Tout de même marmonna-t-il vexé, cela surprend. Et il se mit en mode boudeur.

Glanou, fermement ancré sur son dos n’avait rien vu ni entendu de la scène. Il était subjugué par la fleur et ne pouvait en détacher son regard. Ses pétales roses et rouges semblables à des flocons de velours lui parlaient de douceur et de paix et son parfum l’enveloppait comme une musique enchanteresse.

-Vous êtes si belle mademoiselle et vous sentez si bon, parvint-il à lui dire.

Mademoiselle la rose rougit sous le compliment.

-Merci lui répondit elle. Je m’appelle Rosie et je suis enchantée de vous rencontrer. Elle était émue de voir ce joli petit gland et d’une façon inexplicable, se sentait très proche de lui.

Glanou était heureux. Il prit alors une décision qui allait changer sa vie.

-Cher Zéphyrin, dit-il à son ami, c’est ici que je veux vivre. À côté de Rosie.

Zéphyrin, un peu dépité d’abandonner si vite son petit compagnon de jeux, comprit son choix et le déposa avec douceur aux côté de Rosie.

C’est ainsi que Glanou et Rosie s’épanouirent ensemble. Glanou ne fut plus jamais malheureux et devint le beau chêne dont il avait rêvé ; Rosie sa fidèle et magnifique compagne resta étroitement emmêlée dans ses branchages les parsemant de boutons de roses. Quant à Zéphyrin, lorsqu’il passait les voir, il n’oubliait jamais de se tenir à bonne distance de leurs épines ! Qui s’y frotte, s’y pique !!

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