La main dans le sac

Autour de la machine à café

La main dans le sac

Dans la quiétude matinale, Helen, Joss et Christine savourent paisiblement leur café en échangeant quelques banalités. La journée s’annonce calme.

L’arrivée fracassante d’Azka rompt brutalement l’harmonie. Elles sursautent violemment. Habituellement tirée à quatre épingles, Azka suscite l’admiration et l’envie de toutes. Ce matin, son allure échevelée et désordonnée les alarme. Les yeux papillotant dans tous les sens, elle a du mal à reprendre son souffle. 

Azka agite ses bras comme pour dégager un chemin et fonce sur la première chaise de sa trajectoire. Elle s’y laisse tomber lourdement.

– il m’est arrivé une aventure inimaginable lâche-t-elle le souffle court.

Son débit haché frise l’hystérie et rend impossible la cohérence de son discours.

Elle presse ses mains contre son cœur comme s’il allait éclater.

– Qu’as-tu ? lui demande Joss, affolée en lui apportant un verre d’eau

– Mes cherrries ! C’est dans le bus (elle prononce bousss)

– tu as couru pour l’attraper ?  Lui demande Christine, mais tu n’es pas en retard !

– mais non ma cherrie… Je vous raconte.

Le silence est coupé par son souffle saccadé. Elle est bientôt en mesure de reprendre la parole.

-J’étais montée dans le bousss avec un peu de mal car il y avait beaucoup de monde – impossible de trouver une place assise ! C’est scandaleux d’ailleurs !

Donc, nous voilà tous entassés et le bus ne démarrait toujours pas. La chaleur était étouffante. Et les odeurs ! une horreur, déjà si tôt le matin !

Je ne sais pas pourquoi mais, comme prise d’une intuition divine, je regarde dans mon à sac à main et alors…. J’ai vu une chose incroyable ;

Quoi ?! Exclamation collective.

il y avait une main noire dedans dit-elle en articulant bien chaque mot.

Cris d’horreur.

On visualise une main sectionnée au poignet dégoulinant de sang.

-Comment a-t-elle pu atterrir dans ton sac ? et pourquoi ?  

La vision est insoutenable. Mines pétrifiées d’horreur.

Qu’as-tu fait de la main ?

– Tu l’as soulevée ?

– Tu l’as jetée ?

– Tu as averti le chauffeur

– Et la police ?

Les questions fusent à vive allure et s’enchevêtrent. A situation incongrue dialogue surréaliste.

Azka fait un signe de la main pour demander le calme.

-Mais non, écoutez-moi, je « terrrmine » :

J’ai hurlé « Dammit ! what is doing this black hand in my bag ?! » (Mais que fait cette main noire dans mon sac ?)

J’ai crié si fort que je ne reconnaissais même pas ma voix !

Le voleur a vite retiré sa main et est sorti du bus comme un démon en bousculant tout le monde… moi, je ne pouvais plus bouger.  Les autres voyageurs me regardaient stupéfaits.

– Ah ! c’était une main vivante !

Le soulagement est palpable.

L’intensité émotionnelle baisse d’un cran. De la déception presque. Echanges de coups d’oeil.
– et ensuite ?

– Rien, répond Azka, J’ai trouvé une place assise et je me suis mise à trembler comme une vieille feuille ! Regardez, je tremble encore.

La pression se relâche ; Azka se calme peu à peu. Les filles complètement rassurées retournent à leur café refroidi. Plus de peur que de mal.

Silencieuse depuis un moment, Azka reprend la parole.

– j’irai au temple remercier Bouddha de son aide divine conclue-t-elle avant de replonger le nez dans sa tasse de café.

– ce que je ne comprends pas intervient Joss, rompant sa méditation, pourquoi n’as-tu pas crié « au voleur », comme tout le monde ?!!

Azka secoue doucement la tête

-je ne sais pas… cela ne m’a même pas effleuré le cerveau. Que veux-tu, j’ai ma logique !

– Finalement tu as fait tout ce cinéma pour avoir une place assise, conclue Joss ; je reconnais que le coup du pickpocket, c’est original.

Je tâcherai de m’en souvenir quand je chercherai une place !

Azka ne lui répond pas. Rien à expliquer. Le nez à nouveau dans sa tasse à café, elle est repartie dans un monde où Bouddha joue un rôle merveilleux.

Christine et Helen rient sous cape.

On connait Azka et son sens de la démesure !

Les retardataires savourent avec délectation la « dernière » d’Azka ; on n’en attend pas moins du phénomène de l’équipe !

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