La retraite ? C’est quoi?

Au fil des jours, Ghis écrit

La retraite ? C’est quoi?

Un vague mot qui flotte à l’horizon.

Anastasia ne se sent pas du tout concernée. Un jour, sans doute, évidemment, elle la prendra comme tout le monde mais pour l’instant, la question est hors sujet. Et puis, la retraite, c’est pour les « vieux », n’est-ce pas ! Elle, elle n’est pas vieille, et loin de là !

Sa tête est toute fraîche d’envies, de rêves, d’actions, de tendresse comme pour ce gros ventre qu’elle arbore fièrement, attentive à la moindre sensation et émerveillée par cette alchimie magique et naturelle qui la métamorphose peu à peu en maman.

Son activité professionnelle la comble d’aise et de satisfaction. La diversité des tâches, la reconnaissance de son expertise, son rôle dans l’entreprise, s’additionnent pour devenir un plaisir de tous les instants. Elle se régale.

Un deuxième gros ventre bouleverse son univers lui offrant davantage de rires, de jeux et d’amour. La vie est légère et si simple…

Le miroir a beau lui renvoyer son portrait régulièrement modifié avec des paquets de rides en plus et de moins en moins de joues, aucune alerte n’atteint son cerveau car sa vue d’hypermétrope-astigmate-presbyte ne s’attarde pas vraiment sur ces « détails ».

Les époques se mélangent, les distanciations s’embrouillent. Hier ? Mais, non ! c’était il y dix ans…

Et puis un jour, l’heure du tocsin sonne : c’est la retraite. Elle est là. Sur le pas de la porte. Elle l’attend. Anastasia n’y croit pas. Qu’a-t-elle bien pu faire pour ne pas l’avoir vu arriver ? Il n’y a pas eu d’information….Ou bien peut-être l’a-t-elle zappée ?

Incompréhension. Frustration. Punition. Sa vie active, c’est son dessert et on lui retire. Mesure trop violente pour une gourmande.

Un jour, encensée, un jour oubliée. Sa date d’existence dans l’entreprise a donc expiré. Anastasia perd sa définition professionnelle. Vacillante au bord du gouffre de la retraite, elle a peur de tomber.

Petite fête de départ. Tous ceux qui ont compté sont là. Des promesses lumineuses plein les oreilles. Elle veut y croire. La pilule passe mieux. Flashback sur une vie de travail. Il s’en est passé du temps pour que ces jours-là s’empilent jusqu’à l’aboutissement final. Elle ne les a pas vu passer…

Anastasia s’acclimate peu à peu à cette redoutable compagne qu’est la retraite. Pourtant les débuts sont douloureux et tous les coups sont permis pour évincer cette présence indésirable : D’abord elle s’étourdit d’activités pour calquer son emploi du temps sur celui de son ancienne vie. Erreur. La formule n’est pas la bonne. Puis, pause obligatoire pour s’observer, se tester, comprendre et accepter cette situation de retraitée.

Alors, les journéesse transformenten versions inédites. Plus de sonnerie désagréables le matin, plus de courses contre la montre pour rattraper son bus ou son train, juste le plaisir et le pouvoir de faire ce que l’on veut quand on veut. Le luxe, quoi !

Chaque jour est riche de promesses et Anastasia se surprend à développer des talents jusque-là insoupçonnés qui peuvent enfin s’épanouir au grand jour. Equilibre et harmonie ont réintégré son existence. Ouf! Quel bonheur de profiter sans limite de cette liberté tant chérie.

Vive la retraite !!

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