Le cercle très sélect des déboussolés

Au fil des jours

Le cercle très sélect des déboussolés

C’est un cercle très fermé. N’en fait pas partie qui voudrait… la sélection est sévère.

Pas besoin de carte d’abonnement ou de cotisation, c’est gratuit. Pas besoin de logo, il n’y en n’a pas. C’est une marque de naissance. On nait « déboussolé ».

Anastasia en fait partie. Elle aurait préféré, et de loin, en être exclue, mais ce n’est pas le cas.

Les déboussolés se reconnaissent entre eux lorsqu’ils se croisent. Il y a des signes qui ne trompent pas.

Ils vivent les mêmes galères. Se rendre d’un point à un autre est parfois l’expérience la plus stressante qui soit.

Le nord et le sud restent des notions abstraites. Les rues se mélangent, se brouillent, se confondent et dessinent des entrelacs qui s’apparentent plus à des labyrinthes qu’à des voies circulantes claires. Les obstacles se dressent sur le parcours et le transforment en circuit fermé ! D’où leur expression « tourner en rond ».

Anastasia en sait quelque chose ! Piétonne et conductrice, elle expérimente quotidiennement les affres du manque d’orientation.

En tant que piétonne, elle maitrise l’art du demi-tour et de la volte-face, elle en fait tant ! Un jeu d’enfant pour elle. Et puis, on a bien le droit de se tromper ! En revanche, elle est moins douée question cadence, elle alterne la grande vitesse (pour rattraper le temps perdu) et la lenteur d’escargot pour se convaincre qu’elle est au bon endroit.
Toujours sur le qui-vive, tendue comme un arc, elle s’astreint à garder la tête en l’air pour déchiffrer le nom des rues ou les numéros de bus, et son trajet se transforme vite en expédition hasardeuse et fatigante.

Elle se donne toujours de la marge pour arriver à l’heure, le temps de plusieurs allers-retours hypothétiques au moins. Une façon de dédramatiser le moment. Car, quelque soit le but de la destination, rencontre, réunion, rendez-vous, train, avion…le stress est là… et la panique de ne pas y arriver, jamais très loin.

Le cauchemar : c’est se perdre. Se perdre dans la nature et disparaitre à tout jamais.
Demander son chemin ? C’est l’ultime recours ; Anastasia s’y refuse systématiquement car c’est reconnaitre l’échec et admettre qu’elle n’a vraiment aucun sens de l’orientation.

En tant qu’automobiliste, elle joue du clignotant et du frein. Elle en abouse même ! elle parcourt trois fois plus de kilomètres qu’un automobiliste lambda car sa route est étonnamment parsemée d’embuches et de déviations, comme si l’ensemble de l’infrastructure routière se liguait contre elle.

L’imagination lui brouille la mémoire. Quand elle est persuadée reconnaitre un endroit, la plupart du temps, elle n’est pas du tout là où elle pense être ! D’où, les cascades de directions erronées et les temps de trajet qui n’en finissent plus.

Sa mémoire a la faculté surprenante et hautement agaçante d’effacer systématiquement tout souvenir d’itinéraire. Chaque fois est une nouvelle fois.

Et le chemin de retour ! Le piège ! On pense qu’il sera facile puisqu’il suffit de rebrousser chemin, en réalité, Il ne ressemble en rien à celui de l’aller…qui s’y fit, s’y perd !

Alors bien sûr, il y a les techniques de localisation par satellite, se dit Anastasia. Sauf que, en ce qui la concerne, elle est obligée d’interpréter ce que dit la voix…et elle doit être mauvaise en interprétation.

Lorsqu’Anastasia prépare un parcours, elle s’entoure de deux conseillers GPS : celui de sa voiture et celui de son téléphone. Ils sont rarement d’accord. Il faut donc trancher…. Et son choix n’est jamais le bon !

Un nouveau rendez-vous ? Une nouvelle adresse ? Et c’est le début de nouveaux tourments ! Dommage que le tapis volant ne soit pas une option !!

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