Le mystère du jardin endormi

Ghis écrit, Graines de rêves

Le mystère du jardin endormi

Comme prisonnier de l’ombre d’un géant, le jardin se cache dans un sommeil profond et silencieux.

Autour du jardin, la nature bourdonne de bonheur sous un ciel éclatant de bleu.

Au-dessus du jardin, au-dessus des nuages, là-haut, très haut dans le ciel, Sunny le petit soleil et Zéphyrin le petit vent se croisent ; ils sont si contents de se revoir qu’ils jouent comme deux petits fous.

Soudain, Sunny se penche vers la terre et pointe un de ses rayons.

-Zef, regarde, c’est quoi cette grosse tache, à ton avis ?

Zef se penche à son tour pour mieux observer le lieu pointé par son ami.

-On dirait un énorme bouton noir…

-moi je vois une grosse masse sombre immobile et je me demande bien ce que cela peut être… j’envoie mes rayons éclairer tout cela et on en saura plus, décide Sunny intrigué.

-Mes rayons reviennent s’écrie-t-il stupéfait,

En effet, sous les yeux éberlués de Zef, les rayons rebondissent vers Sunny.

-C’est la première fois que cela m’arrive, reconnait Sunny. C’est étrange tout de même. Je suis inquiet. Toi qui passe partout, pourrais-tu aller faire un tour et éclaircir ce mystère ?

Curieux lui aussi, Zef se disloque pour mieux se faufiler et atterrit non sans mal dans la grosse masse.

-Brrr, quel froid ici s’écrie-t-il et pourquoi fait-il si sombre ?

Il se pose un instant pour examiner le lieu. C’est un jardin ! L’énorme bouton noir ou grosse masse sombre est un immense jardin !! Il n’en revient pas. L’endroit est rempli d’arbres majestueux d’une immobilité surprenante ; il est parsemé de jolis massifs garnis de fleurs pâles qui baissent tristement la tête ; çà et là des fontaines artistement sculptées attendent que l’eau jaillisse. Le jardin est magnifique mais sombre et silencieux comme une image triste…

Plus loin, près de la maison, sur une balançoire, une petite fille semble perdue dans ses rêves.

-Bonjour Mademoiselle s’écrie Zéphyrin en effleurant doucement sa chevelure.

-Bonjour répond la petite fille, sans même sursauter

– … tu m’entends ? s’enthousiasme Zéphyrin ! c’est bien la première fois qu’un humain me réponde !

-oui mais je ne te vois pas répond la petite fille en tournant la tête dans tous les sens. Toi, tu es qui ?

-Je m’appelle Zéphyrin, je suis un petit vent et je suis juste devant toi 

– moi, c’est Jade, répond-elle, contente.

-Chérie, tu parles à qui ? demande sa maman depuis une fenêtre

-à… personne, lui répond Jade. Elle n’allait pas lui avouer qu’elle parlait à un petit vent…

-tu ne balances pas ?  Lui demande Zéphyrin

-non, lui répond Jade

-que fais-tu sur la balançoire alors ?

-j’attends

-tu attends quoi ?

-J’attends que tout redevienne comme avant

-c’était comment avant ?

-C’était clair, les arbres et les oiseaux chantaient et ma balançoire me berçait…

Zéphyrin est perplexe. Ce jardin est figé comme s’il était ensorcelé.

-Ecoute Jade, je ne te promets rien mais je remonte en parler à Sunny, c’est mon ami le petit soleil et ensemble nous remettrons de la couleur et de la chaleur dans ton magnifique jardin.

Pleine d’espoir, Jade agite sa main en guise d’au revoir.

-Sunny, Sunny, s’écrie Zéphyrin très excité, le bouton noir ou la grosse masse sombre est en fait un jardin et ce jardin est EN SOR CE LE.

Sunny est choqué. Cela fait des siècles que l’on ne parle plus de sorcellerie… et voilà que Zef …. Il doit se tromper… d’un autre côté, il se passe bien quelque chose d’étrange car les rayons ne passent toujours pas.

-Eh bien, demandons à nos amis les oiseaux d’aller chanter suggère Sunny, peut-être parviendront-t-ils à débloquer le jardin en y apportant leur gaité ?

Aussitôt avertis, les oiseaux, toutes familles confondues, convergent vers Sunny et Zéphyrin, en une gigantesque nuée multicolore. Sous la direction de Monsieur le Merle, et dans un ballet aérien époustouflant, ils s’envolent avec grâce vers le jardin.

Sunny et Zéphyrin sont très impressionnés. Mais, soudain, sous leurs yeux ahuris, ils voient revenir un gros nuage de plumes parsemé de blanc, de rouge et de bleu, où les pattes sont en l’air et les becs à l’envers et où il est impossible de discerner qui est qui. Les volatiles piaillent de surprise et de douleur et n’en finissent pas de rouler-bouler et de se tamponner entre eux.  C’est le chaos.

-Aïe !! j’ai un bleu à la tête s’écrie une mésange ;

-Moi j’ai la patte cassée se plaint un rossignol

En dépit de la gravité de la situation, Sunny et Zéphyrin sont saisis d’un fou rire qui s’échappe en cascades tonitruantes, secouant l’univers comme un prunier.

Monsieur le merle est très vexé et les rabroue vertement puis se met en retrait avec sa troupe, compter leurs bobos.

Alertés par le raffut, de petits nuages, Stratus et Cumulus, accourent aux nouvelles.

Sunny et Zéphyrin leur expliquent rapidement la situation.

-Ensorcelé ? Non, ce n’est pas possible affirment-ils avec aplomb, il s’agit plutôt d’une blague de nos parents et grand parents.

Sunny et Zéphyrin sont complètement abasourdis. Que viennent donc faire les gros nuages dans cette histoire ?

-Parfois, ils ont besoin de se reposer, explique Stratus gêné. Ils se rassemblent et se posent comme un couvercle au-dessus d’un endroit. Ils ont dû s’installer là, au-dessus de votre jardin sans vraiment prêter attention à ce qui se passait en dessous…

-Il faudrait qu’ils partent dit Zéphyrin reprenant ses esprits.

-oui, répond Cumulus embarrassé… mais… il faut réussir à les réveiller ; parfois ils dorment très profondément … Sur leurs conseils, Sunny et Zéphyrin se mettent à crier : » Messieurs, s’il vous plait, réveillez-vous, » « Messieurs réveillez-vous… » pendant que les oiseaux, à nouveau sollicités par Sunny, battent des ailes et claquent du bec pour faire le plus de bruit possible.

Un énorme nuage finit par entrouvrir un œil endormi.

-Qui ose me réveiller ainsi s’écrie-t-il en s’assombrissant de colère.

Effrayés, Stratus et Cumulus se sauvent sans demander leur reste. Du coup, Sunny, promu porte-parole malgré lui, explique calmement la situation et conclue en exigeant leur départ.

Le gros nuage dévisage alors les intrus les uns après les autres se demandant si ce n’était pas une blague. Oser lui demander de partir alors qu’il est au repos ?!! à moins que…. Le doute s’insinue dans un silence glaçant.

-Pardon, dit-il finalement, avec contrition. Je pense que notre GPS a « buggé », nous devions filer vers le grand nord pour nous reposer et je réalise que nous ne sommes peut-être pas là où nous devrions être. Désolés. Nous levons le camp immédiatement.

A son signal, la masse nuageuse s’étire mollement, se lève encore plus lentement et prend enfin de l’altitude ; bientôt, elle disparait totalement de l’horizon.                                                                                                                           

L’atmosphère vibre de soulagement.

Sunny, Zéphyrin et les oiseaux se précipitent dans le jardin, suivis de Stratus et Cumulus.

Dès le départ de la masse nuageuse et comme par enchantement, le jardin se métamorphose. Il devient lumineux, ses arbres se balancent doucement, ses fleurs se parent de rouge, de bleu, de rose et redressent fièrement la tête. Ses fontaines déversent joyeusement des bouquets d’eau fraiche. Les oiseaux chantent à tue-tête. C’est la fête.

Jade écarquille les yeux de surprise et de bonheur. Un léger vent berce la balançoire, elle se saisit alors des cordes et s’élance de plus en plus haut dans les airs en criant :

-maman, maman, viens voir ! c’est comme avant ! 

Sunny et Zéphyrin, complètement rassurés par la renaissance du jardin, s’éclipsent discrètement. Ils retournent jouer là-haut, tout là-haut, car leur partie n’est pas finie !

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