Arthur et Erin

Ghis écrit, Graines de rêves

Arthur et Erin

Arthur, le gentil rossignol, a rendez-vous ce matin avec Erin, la belle Colombe blanche. Ils se retrouveront non loin du village sur leur chêne habituel, le plus haut et le plus beau de la forêt.

Il prend le temps de se préparer pour paraitre encore plus beau. Pour rafraîchir son plumage et raviver ses belles couleurs, il se frictionne à la rosée matinale. Sa poitrine et son cou étincèlent d’orange et de rouge le rendant unique et magnifique. Quelques vocalises et son chant n’en deviendra que plus mélodieux.

Il est arrivé bien avant l’heure. Ce rendez-vous, il l’attend avec impatience, car il a hâte de la revoir mais avec appréhension aussi car il doit lui annoncer son départ. Pour tromper l’attente, Il plonge avec plaisir dans les circonstances leur première rencontre.

Ce jour-là, alors qu’il avait dévié son vol pour échapper à un rapace, il l’avait aperçue délicatement posée sur le bout d’une branche observant sereinement les allées et venues de ses semblables. Elégante et racée, on aurait dit une reine. Son plumage, d’une blancheur extraordinaire, la recouvrait comme un manteau royal.

Il était tombé sous le charme. Timidement, il avait osé l’aborder et ils avaient tout de suite sympathisé.

Depuis, ils se retrouvaient souvent pour s’amuser. Ensemble, ils offraient des chorégraphies extraordinaires et chantaient à tue-tête au grand plaisir des autres oiseaux qui adoraient les regarder.

Ils s’étaient bien trouvé, ces deux-là! lui, adorait sa sérénité et sa beauté ; elle, la mélodie son chant.

De son côté, Erin est en plein préparatifs. Elle a hâte de revoir Arthur et de s’amuser en sa compagnie.

Elle est heureuse de connaitre ce beau rossignol. Elle se souvient bien du jour de leur rencontre, car elle s’ennuyait ferme sur le bout de sa branche quand soudain, elle vit surgir un bel oiseau affolé comme s’il avait le diable aux plumes ! Il s’était posé à l’autre bout de la branche pour se reposer. Ils s’étaient observé du coin de l’œil. Quand il s’était timidement rapproché d’elle, elle n’avait pas eu peur et l’avait encouragé à bavarder. Il s’était révélé si joyeux qu’elle l’avait de suite adopté et ils étaient devenus amis.

Aujourd’hui, elle va le revoir et elle se prépare avec soin pour l’accompagner dans cette journée de jeux.

Arthur l’attend. Il a le cœur lourd et il veut profiter de chaque instant avec elle. Il part demain avec toute sa famille, se réchauffer au soleil du sud. C’est une grande expédition et il ne la reverra pas de sitôt ; elle ne fait pas partie du voyage car elle ne craint pas le froid.

L’heure du rendez-vous est dépassé maintenant mais Erin n’est pas là….

Artur s’inquiète. Ce n’est pas normal. Elle est toujours ponctuelle et jamais elle n’oublierait un rendez-vous, surtout le leur.

Il ne sait plus que penser et que faire. Partir à sa rencontre ? Mais où ? Et si elle arrivait et qu’il n’était pas là ?

Ses amis le sentant désemparé, accourent pour le réconforter. Bientôt, il étouffe dans la masse de leurs plumes multicolores ! mais c’est si bon de se sentir entouré. Ils sont tous là, Mesdemoiselles les Mésanges, les pies, les tourterelles, les hirondelles, les mouettes, Messieurs les merles, les corbeaux, les rossignols ; tous ont un mot gentil pour le rassurer.

Dans un sursaut de frayeur, Arthur s’éjecte violemment du groupe et bat des plumes à toute vitesse.

-et si on l’avait kidnappée ? s’écrie-t-il

-Ne dis pas n’importe quoi répondent les Merles et les Corbeaux d’une seule voix. Pourquoi voudrais tu qu’on la kidnappe ? Cela n’a aucun sens.

Mais Arthur ne peut s’empêcher de craindre le pire et tremble de tout son corps.

-J’ai une idée s’exclame Mademoiselle la Mésange, toujours raisonnable et efficace, lançons un avis de recherche,

 -oui, oui, tu as raison répondent-ils tous en cœur,

Aussitôt, l’alerte se propage en ondes gigantesques dans l’atmosphère, même Zéphyrin le petit vent et même Sunny, le petit soleil font partie des équipes de recherche.

Arthur tourne et virevolte sur lui-même en poussant des petits cris de stress. L’attente est terrible. Il se sent si impuissant.

Bosquets, forêts, jardins sont méticuleusement scrutés. Rien. Soudain, Zéphyrin le petit vent aperçoit un tas de plumes blanches dissimulé sous un taillis. Il souffle doucement, souffle encore et encore et sous les plumes, une petite tête effrayée se redresse. C’est Erin !

Soulagé, Zéphyrin répand la bonne nouvelle à l’infini.

Aussitôt, une nuée d’oiseaux converge vers Erin pour lui prêter secours. Et c’est à qui criera sa joie le plus fort. Arthur fou de bonheur, pulvérise ses records de vitesse et, dans un nuage de plumes, atterrit brutalement à deux millimètres de ses pattes.

Aussitôt, les oiseaux s’écartent en un cercle parfait. Arthur est aux anges de voir son Erin et la contemple avec adoration.

Le silence est maintenant absolu. On veut savoir ce qui a bien pu lui arriver.

Erin se redresse doucement ; son corps reprend de la force et ses plumes, de l’éclat.

Elle réalise avec surprise et émotion que tous ses amis sont là, autour d’elle.

– merci leur dit-elle, bouleversée, je suis si reconnaissante d’être à nouveau parmi vous. J’ai eu si peur de ne plus jamais vous revoir.

Et elle raconte sa mésaventure :

-Alors que je me mettais en route pour retrouver Arthur, une mini tornade m’a projetée contre une vitre, m’assommant sur le coup, puis je me suis sentie propulsée loin et très haut dans l’air et puis, plus rien.  Étourdie, je ne savais plus où j’étais, j’ai perdu la notion de l’espace et je crois que me suis endormie jusqu’à ce que je sente un petit vent me caresser. Merci Zéphyrin, sans toi, je dormirai toujours…

Rassurés de voir leur amie saine et sauve, les oiseaux se dispersent peu à peu et Sunny et Zéphyrin, heureux du dénouement, retournent jouer là-haut, tout là-haut, bien au-dessus des nuages.

Erin est heureuse d’avoir enfin retrouvé Arthur ; les deux amis, volettent ensemble jusqu’à leur chêne préféré. Là, Arthur lui explique le long mais nécessaire voyage qu’il entreprendra dès le lendemain avec toute sa famille. C’est une question de survie pour nous, insiste-t-il.

Erin est triste d’apprendre qu’elle ne le reverra pas dans les jours et semaines à venir mais que peut-elle faire ? Après tout, ce n’est qu’un au revoir pour mieux se retrouver !

Avant ce départ inévitable, Arthur et Erin décident de profiter de cette journée pour faire le plein de beaux souvenirs. Ils se lancent alors dans leurs jeux les plus fous, riant et chantant à tue-tête sous l’œil amusé des autres oiseaux.

Confiants dans l’avenir, ils savent que dès qu’ils se sentiront un peu tristes, ils pourront puiser dans le merveilleux jardin secret de leurs souvenirs.

Arthur est rassuré et Erin, réconfortée.

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