Zéphyrin avait passé une très mauvaise nuit. Comme à son habitude lorsqu’il ne trouvait pas le sommeil, il était sorti chercher du réconfort auprès de Mademoiselle la lune mais il n’avait trouvé qu’une nuit noire. Toute noire. Mademoiselle la Lune n’était pas là.
Désemparé et inquiet, il avait soufflé dans tous les sens pour s’étourdir et s’endormir. Malgré ses efforts, il ne pût sombrer dans le sommeil qu’au petit matin. Son repos fut malheureusement de courte durée car ses rêves étaient peuplés de créatures inquiétantes qui lui hurlaient dans les oreilles. Dans un sursaut de colère, il s’était levé d’un bond pour échapper aux monstres.
Alors qu’il se propulse péniblement d’arbres en arbres, en claquant toutes les feuilles sur son passage, il aperçoit un rassemblement d’oiseaux, obstruant une bonne partie du ciel et jacassant à qui mieux mieux.
Il prend alors son élan et se faufile brutalement dans le groupe, l’éparpillant sans ménagement aux quatre coins de l’espace.
Le groupe d’oiseaux, bousculé et saisi par le gros souffle d’air glacé, se fige dans le silence. Leurs plumes en pagaille se hérissent et se froissent. Les mésanges sont furieuses elles sont complètement décoiffées !
C’est Monsieur le merle, le chef du groupe qui prend la parole. Il est indigné.
-Zéphyrin, dit-il d’une voix ferme, nous célébrons notre cérémonie d’adieux. Nous te demandons de respecter notre coutume. Aujourd’hui, certains d’entre nous s’envolent vers des régions lointaines, et ceux qui restent les encouragent car leur voyage sera long et dangereux.
– mais vous pourriez le faire en silence rétorque méchamment Zéphyrin, j’essaie de me reposer, moi.
Aussitôt, les corbeaux se mettent à croasser, les tourterelles à roucouler, les pies à jacasser, les cigognes à craqueter, les pinsons et les hirondelles à crier. Trop c’est trop ! L’intervention de Zéphyrin les a tous mis en colère. Ils ne veulent pas de cet intrus dans leur groupe.
Monsieur le merle, respecté pour sa sagesse, fait signe de silence et s’adresse à nouveau à Zéphyrin.
-Cher Zéphyrin on t’aime bien, mais là, tu passes les bornes. Nous t’ordonnons de quitter notre groupe immédiatement.
Jamais on ne lui avait parlé sur ce ton. Stupéfait et écrasé de honte Zéphyrin bégaie quelques excuses. Il n’a qu’une envie : fuir !
Mais Monsieur le Merle, n’a pas terminé :
-Tes parents vont bientôt prendre le relais, lui explique-t-il, radouci, tu auras du temps pour te reposer et surtout comprendre le respect des autres.
Zéphyrin est mort de honte. Sans attendre son reste, il disparait instantanément de l’horizon.
Les oiseaux, peu rancuniers, entonnent un joli chant et reprennent leur cérémonie d’adieux.