27 mai 2020 – Convalescence

Babette

27 mai 2020 – Convalescence

« Je suis en dé-con-fi-ne-ment » … Babette veut s’en persuader, car contrairement aux faits, elle ne se sent pas du tout dé-confinée.

C’est vrai, concède-t-elle, mon horizon s’est ouvert, il ne s’arrête plus aux murs de ma maison, mais il est toujours limité ; de même, mon appétence n’est pas totalement revenue, il lui manque ce petit truc qui fait la différence ; et mon shopping si salvateur, n’a pas le réconfort attendu, loin de là, sans doute gâché par ces files d’attente interminables où je ronge mon frein…. Mais ça va passer, je suppose ?

Envie d’oxygène aujourd’hui ! les choses vont peut-être finir par s’arranger espère Babette qui décide de se rendre au bois. Zone rouge oblige, les grilles des parcs et jardins sont désespérément fermées et le bois de Boulogne s’impose comme une évidence.

Après de savants calculs pour déjouer les pics de fréquentation, quel effarement de les retrouver tous, ses concitoyens, agglutinés là, au bois, là-même où elle avait jeté son dévolu ! Ils pullulent : derrière, devant, à côté, trop près, respirant et parlant bruyamment…ils lui volent son air ! Cuisante déception que cette tentative « d’échappée verte. »

Babette est dépitée. L’envie irrésistible de hurler en tapant des pieds est presque insoutenable !  Je veux ma chlorophylle, mon oxygène, mon espace… s’il vous plait, pou-ssez-vous et laissez-moi respirer ».
Elle soupire. Dommage, je suis trop bien formatée pour me lâcher ainsi. Ah ! si j’osais ! Mais au lieu de cela, elle rentre tristement se réfugier entre ses quatre murs.

Au début du confinement, se souvient Babette en mode contrariée et ronchon, ses concitoyens, les mêmes, s’étaient jetés comme des rapaces sur les denrées, ne laissant après leur passage, que des étals complètement dégarnis sur des mètres linéaires impressionnants…Aujourd’hui, c’est sur ma portion d’oxygène qu’ils s’acharnent ! se plaint-elle. Impossible de respirer tranquillement.

Il parait que ce confinement a suscité de beaux élans de solidarité. Super ! les réseaux sociaux regorgent d’exemples mais, bizarrement je ne relève rien autour de moi. Ça serait même plutôt le contraire constate-t-elle. Je ne participe à aucune action solidaire, c’est vrai, reconnait-elle, mais je ne jette pas mon masque n’importe où… A y réfléchir, il me semble que l’intolérance soit plus forte qu’auparavant ; que l’animosité soit à fleur de peau et que la bienveillance ait disparu. L’apologie du « moi, moi, moi », prévaut en toute circonstance.

Quelle lenteur que ce pas vers la liberté ! Y arriverons-nous un jour ? Ou est-ce moi qui n’avance plus ?
Babette est perdue, elle ne se reconnait pas dans cette personne amorphe et amère qui se laisse polluer par le négatif ambiant.

Stop. Tout faire pour renverser la situation, décide-t-elle dans un sursaut d’humeur. Donnons des dates à nos projets. Sans attendre. Vive la fin de la convalescence et le juste retour à la vie là où nous l’avions laissée.

 

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