Petit Tom est un petit garçon joyeux et passionné de gros véhicules. Dans sa chambre, camions de pompiers, ambulances, fourgons de police, camions-bennes, bus et même trains cohabitent joyeusement. Mais son préféré, c’est son tracteur : vert, avec une cabine au toit jaune, une grosse cheminée noire, et une remorque grise un peu cabossée. Il l’a baptisé Hector. Même s’il grince et perd sa peinture, Petit Tom l’adore. Avec lui, il laboure la table de la cuisine et transporte des bottes de foin imaginaires.
Mais ce soir-là, Petit Tom pleure. Hector git en morceaux sur le sol, brisé après une chute. La cabine est fendue, la cheminée tordue, et la remorque à l’envers. Tom hurle de désespoir. Sa maman tente de le consoler en lui promettant un nouveau tracteur, mais il n’en veut pas. Il veut son Hector. Il ramasse tristement les débris et se réfugie dans sa chambre. Au bout d’un long moment, ses sanglots s’espacent et il s’endort.
Les jouets, bouleversés, se rassemblent silencieusement autour de lui. Léo, le pompier en plastique rouge, prend les choses en main :
— Avons-nous un chirurgien ?
Théo, le médecin en blouse blanche, secoue la tête :
— Non, et je ne peux rien faire… Ce n’est pas comme quand j’ai recousu Nounours.
— Il nous faut un mécanicien ! s’exclame Mona, la conductrice routière au volant de son gros camion jaune.
— Oui, d’urgence, insiste Max, le gendarme bleu. Sinon, Petit Tom ne s’en remettra pas.
C’est alors que Béa, l’infirmière en robe blanche, s’écrie :
— Et Lucas, le meilleur ami de Tom ? Il a un garage ! Il doit bien y avoir un mécanicien là-bas !
— Génial ! dit Léo. Max, tu m’emmènes ? Avec ta sirène, on gagnera du temps !
Et les voilà partis dans un vacarme de sirène. L’attente est longue. Enfin, leur fourgon réapparaît, accompagné d’un troisième passager : Lucien, le mécanicien.
Il examine les morceaux d’Hector avec sérieux :
— Je ne promets rien… mais je vais essayer. J’aurai besoin de vous tous. Pouvez-vous rassembler tous les morceaux au centre de la chambre.
Les jouets s’activent avec joie. En un clin d’œil, tout est prêt. Léo stationne son camion de pompier rouge près de l’aire d’opération. Max gare son fourgon bleu. Théo l’ambulancier arrive avec Béa dans la grande ambulance blanche. Mona se place avec son camion jaune. Georges, le chauffeur de bus orange, et Mehdi, conducteur du train argenté, forment un cercle autour de Lucien.
Sous leurs yeux admiratifs, le mécanicien s’attaque au chantier. Les pièces s’emboîtent comme un puzzle : portière, poignées, cheminée, roues bien vissées, remorque solidement accrochée… Un peu de colle magique, quelques retouches de peinture, et voilà Hector de nouveau sur ses roues — encore plus beau qu’avant !
— Bravo Lucien ! Merci ! s’écrient les jouets en l’applaudissant.
Fatigué mais fier, Lucien salue et repart vers le garage de Lucas.
Le jour se lève. Les véhicules rejoignent discrètement leur place. Petit Tom, encore ensommeillé, se tourne dans son lit. Il se souvient d’un rêve étrange, plein de chuchotements et de mouvements. Il ouvre les yeux…
— Hector ! Tu es là ! s’exclame-t-il, émerveillé. J’ai rêvé que tu étais cassé, que maman voulait te jeter…
Il serre son tracteur contre lui. Il le trouve même plus beau qu’avant. Le soir, au retour de l’école, ils iront labourer, comme toujours.
Trois petits coups à la porte : c’est maman.
— Tiens, il a retrouvé un tracteur, pense-t-elle. Je ne me souvenais pas de celui-là… Il ressemble drôlement à Hector… Comme Nounours, dont la déchirure a disparu… Il y a des mystères dans cette chambre.
Mais elle sourit. Petit Tom est heureux, et c’est tout ce qui compte.
Dans leur coin, les jouets frémissent de bonheur. Mission accomplie.