Marci est stressée par le temps qui passe, angoissée par le spectre de la solitude, elle craint de ne plus trouver d’homme si elle attend trop longtemps.
-Quand je serai toute décatie, le cheveu clairsemé, le sein « bourreleté » et tirbouchonné » sur la taille, qui voudra de moi ?
Remarque incontestable !
Ses critères de sélection sont très restrictifs : il faut que l’élu soit jeune (la petite quarantaine), svelte et musclé à la fois (bel homme de préférence), qu’il ait de l’argent (plutôt en abondance), un job prenant pour qu’elle ait du temps à elle, qu’il soit cultivé, cela va de soi, et qu’il la traite comme une princesse.
Un seul. Nous en avons connu un seul depuis son arrivée mais il ne correspondait pas à la moitié du quart de tous ses critères…. Et il n’a pas fait long feu.
Les collègues, attendries par son désir et concernées par cet éternel problème, se mobilisent.
-on va t’aider, ma belle et en un rien de temps, tu te retrouveras la bague au doigt.
Leur objectif est de mener cette affaire tambour battant et de lui prouver que la perle rare existe.
Son bonheur est désormais entre leurs mains expertes.
D’abord, on joue le basique : les commères entremetteuses. Mais le hic c’est que Pierre ou Paul ne plait pas et réciproquement.
Le temps passe.
Le terrain de chasse des proches est retourné de fond en comble et s’avère stérile.
Deuxième réunion au sommet. Ne plus sous-estimer la difficulté. On fait quoi ?
Chacune y va de son idée. On élabore une stratégie. Ne rien laisser au hasard.
On sollicite les copains des copains des copines. Le bouche à oreilles s’emballe.
Tout homme aperçu devient une cible potentielle.
La petite ruche bourdonne et s’active à dégoter le prince charmant mais l’intéressée a mis la barre haute et l’oiseau rare est dur à débusquer.
On l’inscrit à des cours de cuisine : tu verras y a des mecs très bien…, à des cours de natation, y a des apollons !
On l’envoie à des galas de bienfaisance, on ne sait jamais ! On l’inscrit bien évidemment à des sites de rencontre.
Malgré ces plans très malins, rien. Aucune touche.
Re-conciliabule. C’est un mystère.
Et pourtant, Marci se plie volontiers à toutes ces fantaisies loufoques.
Le debriefing de ses aventures autour de la machine à café se savoure comme un nectar. C’est un instant privilégié entre tous, une véritable récompense aux efforts si justement déployés pour cette belle cause.
Dernier espoir, le « speed-dating ». Succès obligatoire. Des paris sont lancés. C’est gagné d’avance.
Mais consternation, tempête et hurlements : Marci la docile ne veut plus qu’on s’occupe de sa vie. Rideaux.
Les bouches restent clouées. Son ingratitude peine et blesse. Le sujet devient tabou.
Défiant tous les critères de choix pour l’élection de l’homme de sa vie, elle tombe amoureuse de son coiffeur… gay.