Mais, c’est qui?

Autour de la machine à café

Mais, c’est qui?

Au cap fatidique de 10h00, à l’heure où les estomacs crient famine et les esprits défaillent, petits gâteaux et longs cafés flirtent assidument pour réanimer les corps affaiblis.

Après s’être copieusement rassasiée, Licia annonce à la cantonade que son grand quart d’heure shopping, c’est ce midi !

Seuls quelques coups d’œil surpris, ponctués de-ci de-là d’un sourcil en chapeau chinois lui répondent car tous s’appliquent à faire disparaitre le reste des viennoiseries.

Licia a la malchance de travailler pour une variété de patron qui ne s’exporte pas.

Comme certains vins qui tournent dès qu’on les transporte, lui aussi, à tendance à virer.

Au lendemain de voyages incontournables, c’est un boss aux yeux rougis, courbaturé, pestant contre l’inconfort inadmissible des sièges en classe économique et d’une humeur de chien qu’elle récupère avec résignation. (Programme du lendemain !).

Mais, aujourd’hui, c’est la fête !  La voie est libre ! La carte va chauffer.

– Accepterais-tu que ta p’tite mémé préférée t’accompagne ? lui demande Helen.

Helen, la doyenne, affectionne bousculer, provoquer, voire choquer ses collègues.

Inspiratrice hors pair de farces, et petits tours pendables, elle aime mettre en exergue les différences culturelles de son entourage et obtient chaque fois un bouquet détonant de situations cocasses et d’émotions inédites !

– biens sûr ! lui crie Licia enthousiaste

Sans crier gare, elle dégringole de son tabouret pour exécuter une cabriole compliquée, sous l’œil inquiet des collègues qui frémissent… Même si elles ont l’habitude de la ramasser, elles craignent toujours le pire.

Aujourd’hui, pas de bobos, pirouette réussie

Le sésame s’ouvre enfin : c’est la liberté vers une pause déjeuner pleine de promesses…. Les paquets s’additionnent, le plaisir est au diapason, l’heure, qui a perdu ses aiguilles, s’étire !

Soudain, Licia s’arrête net : Helen, légèrement à la traine, la heurte fortement.
– ne t’arrête pas ainsi bougonne-t-elle
Licia fixe l’autre côté de la rue, puis se tourne vers elle, en marmonnant.

Helen n’entend rien et n’a pas le temps de répliquer que Licia a démarré un sprint ébouriffant digne d’une galopade de haut niveau.

Sous ses yeux interloqués, elle la voit tomber dans les bras d’un homme, l’embrasser chaleureusement sur les deux joues et s’effacer haletante, pour lui laisser la place.

Tiens, se dit-elle en la rejoignant, essoufflée, un ami ?

Plus modérée et attendant d’être présentée, Helen le salut gracieusement.

L’homme reste immobile.

Silence gêné. Coups d’œil en coin …Licia est pétrifiée. Méprise totale !
Seule issue : la fuite. Elle détale mortifiée sans attendre Helen qui quitte l’inconnu en s’excusant.

Le retour de bâton ne se fera pas attendre !
Feedback haut en couleurs autour de la machine à café.

Helen, malicieuse, soigne la mise en scène.
– Si vous saviez ce qu’a fait Lica et ce qu’elle m’a fait subir ?!
L’attention du public est ferrée. Elle jubile.
– Elle me fait embrasser des étrangers lâche-t-elle d’un air choqué.

Licia se ratatine à vue d’œil.

– Une tactique très personnelle pour attirer les mâles continue Helen, le hic, à mon sens, c’est que son système de sélection est défectueux !

Tohubohu et tollé d’exclamations. On veut tout savoir…. Cette échappée shopping deviendrait-elle croustillante ?!

– c’est quoi sa tactique ? les voix sont à l’unisson

-Excuse-moi, interrompt Béa, mais tu parles bien de Licia ?

Béa n’en revient pas. Lica est une collègue discrète voire timide qui ne fait jamais parler d’elle et encore moins de ses conquêtes… et voilà qu’elle se découvre une concurrente…

-mais oui je ne parle pas du curé rétorque Helen, heureuse de l’effet produit.

Les regards convergent immédiatement sur Lica qui rougit encore violemment en détournant le regard.

Hélène enchaîne :

– Sa tactique ?!  c’est de se jeter à la tête de parfaits inconnus… S’ils étaient beaux encore ! Pourquoi pas ?! Mais en l’occurrence, faut voir le modèle choisi !!

Stupeur et frémissements !

-Donc, la voilà dans les bras d’un homme à lui lécher la pomme.  Après je n’ai pas bien compris ; elle a détalé d’un coup comme si elle avait le diable aux trousses ;

Moi, je suis restée plantée face au gaillard comme une poule avec un couteau…

Il avait les yeux plutôt exorbités et je n’étais pas franchement à l’aise…je lui ai donc rapidement tiré ma révérence avec ce qu’il me restait de dignité !

-on avait l’air malignes toutes les deux !  Enfin, surtout Licia !!   Ça vous épate, n’est-ce pas ? Reprend-elle en riant après une courte pause,  avec Licia, c’est frissons garantis à chaque tournant !

Les deux « vedettes » forment un duo détonant. L’une rose de plaisir, jouant à merveille du quiproquo et l’autre, figée dans une attitude de confusion et de honte, au supplice d’être l’objet de tant d’attentions et de moqueries ;

Après avoir retrouvé un semblant d’aplomb, Licia explique qu’elle avait cru reconnaitre Pierre, un ancien collaborateur qui avait quitté l’entreprise pour des raisons personnelles.

-Il n’a pas quitté tes pensées apparemment ! remarque perfidement Béa.

Pas de commentaires de l’intéressée…

Licia ne voit pas très clair, c’est indéniable. Mais du haut de sa coquetterie, elle met un point d’honneur à ne jamais porter ses lunettes.

C’est une question de principe. D’où maintes situations cocasses ; entre les gens qu’elle croit reconnaitre et qu’elle ne connait pas, ceux qu’elle connait mais ne voit pas, elle s’attire l’antipathie et passe pour hautaine et prétentieuse.

Quand on lui demande les raisons pour lesquelles s’obstine à mal y voir, elle prétend que les lunettes, lui tiennent chaud (!) et qu’elles lui font perdre l’équilibre !

Choix cornélien : Equilibre ou méprise ? Les paris sont lancés et misent déjà pour d’autres déluges de rire

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