28 mai 2020 – Victoire

Babette

28 mai 2020 – Victoire

Soixante-seize jours depuis la semonce ; dans cinq jours, la quille ; dans vingt-cinq jours, troisième volet du verdict.

La palette des couleurs s’enrichit : le noir qui tenait le haut du pavé a viré au rouge et s’y est maintenu un bon moment avant de passer le flambeau à l’orange ; le vert, notre couleur espoir, se fait désirer… pour mieux nous câliner, sans aucun doute. Cette soirée demi-teinte pour une demie-fête se prête idéalement à l’analyse.

Babette est prête.

Quelle épreuve hors norme, que cet enfermement se dit-elle, étonnée du chemin parcouru et de l’imminence de l’arrivée. A classer dans la catégorie « difficile » juge-t-elle, terrain très escarpé, un niveau V pour cinq galoches.

Un sentier glissant ; rien pour se raccrocher et le spectre de la chute jamais très loin. Mais je ne suis jamais tombée ! une remontée longue et éprouvante, parsemée d’embûches, comme un chemin de croix (oui, je sais, j’ai tendance à exagérer !!) reconnait Babette. Et tout au long de cette épreuve pour atteindre la liberté, il a fallu lutter contre la faiblesse, le manque de confiance, et la peur de flancher. Un véritable exploit ! Je peux être fière de moi se congratule-t-elle. Au final, pas trop de bleus, mais beaucoup de courbatures douloureuses.

Descendue dans la grotte par un printemps qui ressemble à un hiver avec des journées froides et lugubres qui s’enchaînent sans fin, je redécouvre, un été éclatant, chaleureux, presque aveuglant. Pas de transition ! De la doudoune-bottines au dos nus-sandales, le réajustement sera compliqué. La peau blanche et flasque fait piètre figure mais nous allons y remédier rapidement. Il suffit juste de se demander comment transformer un ermite repoussant, et aveuglé par la lumière, en une nymphe musclée à la peau dorée. Ça sera mon challenge des prochains jours se dit Babette.

Maintenant qu’elle est à deux doigts de la liberté, Babette est déçue de ne pas ressentir l’excitation et la joie escomptées. Elle reste mitigée. Apeurée, traumatisée, même.

Le mot claque comme un soufflet. Marquée par cette épreuve invraisemblable, Babette se résigne déjà aux séquelles. Elles sont là, il faut juste espérer qu’elles ne soient pas indélébiles…Mais, elle en est sûre, certaines choses auront du mal à changer. A commencer par les rues ! je ne peux plus les voir en peinture ! Trop de mauvais souvenirs avec cette satanée autorisation et ce kilomètre à ne pas dépasser. Ensuite l’Autre ; mon regard sur lui ; mon rapport à lui. Par définition, l’Autre reste l’ennemi, celui par qui le fléau peut revenir. Alors gaffe. Désormais, dur de créer du lien sans arrière-pensée, dur d’avoir l’esprit d’équipe, dur de retrouver la symbiose…

L’Autre, il faudra le tenir à distance, …Désinfecter tout ce qu’il pourrait toucher ou me donner ! lui répondre à travers mon masque, et au resto, me carapacer derrière un plexi ; Et aussi, mais est-ce un traumatisme ? L’ensauvagement ! En tout cas, une conséquence, c’est sûr. Babette se sent « ensauvagée ! ». Le confinement l’a encouragée dans sa prédisposition… Une « petite » sauvage des villes est née !

 

Mais on applaudira la note de dix sur dix pour l’expertise du lavage des mains !

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