15 mai 2020 – Rien ne va plus

Babette

15 mai 2020 – Rien ne va plus

Babette se sent amorphe, comme submergée d’un immense vague à l’âme. Rien à dire pourtant. La vie a repris. Pas comme avant bien sûr mais elle a repris. Pas de surprise. Un inexplicable sentiment de manque comme une déception nostalgique qui perdure, occulte maintenant toutes les autres sensations.
Impossible de s’en défaire. Pourtant se dit Babette, on prend la bonne direction là, c’est celle de la sortie ! Mais aucun entrain.

L’impression persistante de vivre tout bas, sur la pointe des pieds, de chuchoter pour parler, de retenir son souffle comme si en faisant du bruit, l’ennemi allait rappliquer… ! Tout est sous contrôle. Trop peut-être ?! Elle n’y peut rien. Impossible de déplier ce qui a été plié-gominé pendant deux mois. Les plis ne se défroissent pas. Leur sillon est profond.

Babette s’auto-dissèque sans relâche. Elle veut comprendre pourquoi le vide ? Pourquoi le soulagement tant escompté semble porté disparu ? Elle gamberge. Elle cherche…
Peut-être une piste. La grande absente serait la joie ?  …. La vie est là, mais pas la joie.

Cette sensation indéfinissable et sublime que la liste des critères, tous cochés, ne peut contenir, c’est elle ! La joie de vivre. La spontanéité a disparu, l’insouciance aussi et avec elle, sa copine, la confiance.

Sa nouvelle vie ? Un plat fade, insipide. Elle ne mourra pas de faim c’est sûr. Mais ce plat manque de tout, de sel, de poivre et de quelques condiments, ceux-là même qui font toute la différence. Il lui manque aussi le panache, à ce plat. Les couleurs sont ternes, le dressage, quelconque. Presque pas envie d’y re-goûter. Me voilà bien, se dit Babette. Jamais contente. 

Il faut pourtant trouver une parade. La faire revenir cette joie de vivre… L’attirer, l’appâter, lui rendre ses jouets… un par un, pour qu’elle réapprenne progressivement à se dérider, à se distraire et surtout à s’amuser. Qu’elle oublie le poids du souci en le laissant peser sur l’autre épaule. Qu’elle s’autorise l’abandon, la foi et l’espoir en faisant revenir toute sa joyeuse clique…Plus de bruit. Plus de tintamarre. Se réinstaller en grande pompe ! Reprendre sa place. Officiellement.
Quoi de mieux qu’une pendaison de crémaillère pour chasser le mauvais esprit ?! C’est bien ce que faisaient nos ancêtres ?! Rien de tel qu’une bonne vieille recette du temps jadis mélangeant une décoction de croyances avec un brin de magie sauvage pimenté d’une pincée de poudre de perlimpinpin, pour une formule gagnante à coup sûr.

Au boulot maintenant, se dit Babette. Pas question de se laisser happer par la médiocrité du fadasse.

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