8 mai 2020 – Patience…

Babette

8 mai 2020 – Patience…

Adaptabilité, flexibilité, souplesse dans la cambrure, amplitude du geste… je ne soupçonnais même pas avoir tous ces talents se congratule Babette… quelle belle découverte ! Je rajouterai même, sans fausse modestie, contorsionniste et acrobate !

Quand il s’agit d’attraper une miette de liberté, même infime, je suis capable de déployer des trésors d’ingéniosité ! Elles sont bonnes ces miettes, c’est vrai mais j’ai à peine le temps de les savourer qu’elles sont déjà digérées regrette-t-elle. Elles me laissent un petit goût amer…

Quelle capricieuse je fais là… s’agace Babette. Incommodée par le fil de ses pensées, elle laisse l’actualité envahir son univers. Finalement, se dit-elle, chaque génération connait son Covid…

Nos ainées se souviennent encore de la seconde guerre mondiale. On en fête aujourd’hui, la victoire. Des hostilités qui ont duré cinq ans. Cinq ans de galère… cinq ans sans savoir si demain, l’horreur prendra fin…

A chacun son Covid.

La cruauté des hommes entre eux versus l’invisible cruauté d’un virus dont on ne voit que les effets. L’incertitude est la même. Combien de temps cette guerre ? Vivrons-nous en sursis contre ce virus pendant cinq ans ? La même peur de tomber sous les balles de l’ennemi ou d’être touché sans savoir d’où vient le coup. La même peur d’être dénoncé, par jalousie ou par vengeance. Les mêmes files d’attente pour se ravitailler. Le même confinement pour ne pas se faire tuer ou contaminer. Les mêmes couvre-feux et les mêmes laisser-passer pour accéder à nos droits…,

En revanche, l’information trop rare pour nos ainés, qui communiquent par le bouche-à-oreille les atrocités dont ils sont témoins contre une logorrhée étourdissante de vraies et de fausses « nouvelles » qui nous embrouille la tête et nous bouleverse.

Oui. Beaucoup de similitudes quand on y réfléchit…s’attarde Babette. Mais aujourd’hui, l’impatience prévaut. Ce doit être normal se rassure-t-elle. Tout va vite avec nos moyens « hypersoniques » de communication. Vite, vite, vite. C’est peut-être pour ça que je me sens frustrée se demande-t-elle.

Peut-être devrais-je commencer à cultiver la patience pour ne plus être dépendante de cet engrenage ? Mais je ne sais même pas quoi semer ! …Ni comment !

Pour certains, l’exigence impérieuse de tout savoir sur cet ennemi, de le disséquer pour lui arracher la vérité et punir le coupable -parce que c’est obligé, il y en a un- ! est primordiale dans leur quête de liberté.

Tout est à prendre se dit Babette, au nom de l’espoir. Si je compare nos deux guerres, je pourrai en conclure que nous avons des chances de vaincre le fléau en un claquement de doigt. Le conflit ne durera pas cinq ans. Après tout, cela ne fait que deux mois que les hostilités sont déclarées et chaque jour parsème quelques brins d’espoir, ou plutôt quelques grains de crumble.

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