Il était une fois

Au fil des jours

Il était une fois

Il était une fois, au temps ou internet n’existait pas, où le téléphone portable n’était même pas un embryon, au temps où le temps prenait le temps de mûrir, deux jeunes filles vivant aux antipodes l’une de l’autre, l’une en France, l’autre en Amérique, qui répondent un jour « oui » à une simple question.

Elles ne le savent pas mais elles vont connecter leur vie et enchevêtrer leur histoire au long de leur existence…

Le coup de foudre épistolaire est immédiat et réciproque. Comme une réponse à une errance. Comme une réponse à une faim.

La naissance d’une passion réciproque pour découvrir l’autre vie, l’autre pays, l’autre culture, c’est ce jour-là.

En ce temps-là, les écolières portaient des blouses ; l’école communale n’était pas mixte ; les programmes pour filles incluaient la couture… et parfois les activités ménagères…

En ce temps-là, la télévision arrivait tout juste dans les familles. Parfois le téléphone fixe n’y était même pas…

Deux ados. Quinze ans. Une langue étrangère à maitriser. Une communication balbutiante. L’effort, la joie et la surprise de se comprendre, de s’aider, de se trouver.

Deux classes sociales ; l’une ouvrière, l’autre bourgeoise.

Pour l’une, la française, une ouverture extraordinaire sur un monde insoupçonné, l’évasion d’un quotidien solitaire sans surprise ; ennuyant même ; la joie d’être comprise enfin… d’avoir une amie…

Pour l’autre, l’américaine, la fascination d’un pays, d’une langue, d’une cuisine, d’un passé si riche ; la découverte d’un mode de vie et d’une éducation différente, à peine croyable ;

Pour l’une, la française, l’attrait d’une vie où tout semble facile, où tout rutile. D’une vie où les chaussures sont faites sur mesure ; d’une vie où l’hiver, on skie à Aspen, au printemps, on fait du shopping à Cape Cod et en été on nage dans la baie de Floride ; où le ballet aquatique fait partie de l’éducation, au même titre que l’apprentissage du piano…

Pour l’autre, l’américaine, la découverte d’une vie plus compliquée, plus terre à terre mais si intéressante car si différente ! avec ces drôles de vacances à la ferme en Bretagne, où il n’y a pas d’eau courante et où les besoins se font dans le jardin….

Pour l’une, la française, l’admiration, devant un portrait si beau par comparaison au vilain petit canard, qu’elle connait.

Et l’engouement pour cette étrange pratique, alliant le culte du corps et du mental par des exercices physiques et de la méditation transcendantale.

Elles découvrent leur personnalité, leurs différences et leur complémentarité. S’envient leur vie.

Elles partagent leurs affinités : les champs de lavande, le « shabby chic », l’histoire des ancêtres, et cette immense curiosité pour le pays de l’autre…

 

En ce temps-là, le seul moyen de communication c’est le courrier ; les PTT se chargent de convoyer les précieuses missives.

L’arrivée de chaque missive est une promesse d’ailleurs ; un morceau de joie ; fébrilité à l’ouverture, puis gourmandise et excitation.

La journée devient intéressante, l’esprit part en voyage… participe à l’autre vie.

Leur internet ? la télépathie ! ça marchait presque à tous les coups, …leurs lettres se croisent systématiquement !

Les années passent. Les échanges s’intensifient.

Cinq ans après leur premier courrier, l’américaine débarque ; la française a prévu un tour dans le sud de l’Europe. Elle constitue un petit groupe.

L’américaine troque son immense valise pour un sac à dos.

Et les voilà parties ! quatre françaises et une américaine ! C’est l’aventure ! Train, bateau, marche à pied.

’américaine tient un journal de bord. Plein de choses à raconter ! La nourriture n’est pas bonne, elle maigrit. Plein de moustiques, elle se fait piquer ; Le soleil lui brûle la peau. Les conditions d’hygiène ne correspondent pas du tout à son standard.

 

Pourtant, Elle est heureuse ! et le français n’a presque plus de mystère pour elle.

A Ceuta, c’est la cata !, l’association des bénévoles pour la construction d’un hôpital ne veulent pas d’elles finalement.

Obligées de partir. Réorienter le voyage. Passer au Portugal pour rentrer. Mais presque plus d’argent.

Les nuits, c’est obligatoirement à la belle étoile ; elles se nourrissent de trois fois rien, grâce aux deux cleptomanes du groupe qui récupèrent fruits et laitage…

Elles attendent longtemps un train qui ne passera pas ; les portugais sont fâchés avec les espagnols…

Retour en France. La mère de la française est horrifiée, l’américaine à perdu onze kilos…Elle, elle est ravie !

L’année suivante, c’est la française qui se rend à l’Ouest. La tête farcie de légendes, et d’admiration pour ce pays où tout le monde à sa chance.

Elle adore chaque seconde de son séjour.

Pas assez d’yeux ni d’oreilles pour y embrasser la vie.

Elle a laissé son carcan de complexes en France et se glisse naturellement dans la routine de l’américaine.

Sorties, shoppings, festivals et banjo… les moments « ice cream » ; les bijoux fantaisies…

Et la mode ! le body décliné dans toutes les couleurs sur un jean taille haute fermé d’une fine ceinture de cuir. Le top du top… 

La Française aimerait prolonger son séjour mais en France, les entreprises n’autorisent pas encore les congés sans solde.

De retour dans sa patrie, elle a perdu cinq kilos, elle aussi ! tout le monde s’inquiète. Mais tout va bien.

Sans doute le tribut à payer pour une incursion totale dans les coutumes de l’autre….

De chaque côté de l’Atlantique, les destins se dessinent, les familles se créent ; les enfants naissent chez l’américaine et chez la française.

Les lettres font place aux mails. Toujours le même plaisir de les lire et de les écrire.

Les échanges s’espacent mais le fil n’est jamais rompu…Il était prévu pour tenir toute une vie.

Témoin l’une pour l’autre, référence réciproque tacite, sœurs de cœur, leur puzzle a toutes les pièces … depuis le début, elles s’imbriquent parfaitement les unes dans les autres.

…Il était une fois, au temps jadis, deux jeunes filles que le pur hasard a fait se rencontrer … elles sont devenues femmes, puis mères, puis grand-mère…la magie de leur opiniâtreté a fait de cette rencontre, l’histoire d’une amitié improbable….

 

Once upon a time

Once upon a time, before the Internet or cell phones, a time when time took time to pass, two young girls who lived across an ocean from one another—one in France, the other in the USA, answered “yes” to a simple question.

They didn’t know it, but they were about to connect and remain entwined for the rest of their lives.

Epistolary love at first sight is immediate and mutual. It’s like the answer to a search, and answer to a hunger.

The birth of a mutual passion to discover another life, another country, another culture, is born that day.

In those days, Catholic school girls wore uniforms, and classrooms were segregated by gender. Curriculums for girls included sewing, and sometimes, “home economics” i.e. classes on how to conduct the business of running the home.

In those times, families had only just begun to acquire television, and some had yet to install telephones.

Two friends. Fifteen years old. A foreign language to master. Stammering communication. The effort, the joy and the surprises involved in coming to understand, help, and find, each other.

Two social classes: One, working class, the other bourgeois.

For one, the French girl, an extraordinary entrance into an unsuspected world; escape from a lonely everyday life, familiar and repetitive to the point of boredom the joy of at last, being understood, to at last have found a true friend.

For the other, the American girl, the fascination of a country, a language, an art of cooking, a rich history; the discovery of a way of life and education so different as to be barely believable.

For the French girl, it was in part the lure of a life where everything seemed easy, where everything sparkled. Where shoes were made to measure, where in Winter, one skied in Aspen, in Spring, one shopped on Cape Cod and in summertime, one swam in a Florida bay; a life in which aquatic ballet and piano lessons were part of the education.

For the American girl, it was about the discovery of a simpler life, more down to earth but very interesting, and very different, with holidays spent on a farm in Brittany with no running water and you had to relieve yourself in the back garden.

For the French girl, it meant standing with admiration before a beautiful portrait, compared to the ugly duckling she knew.

And infatuation for a strange practice, that combines worship of body and mind through physical exercise and transcendental meditation—a practice that is entirely foreign to French women!

They discover their personalities, their differences and their similarities. They each envy the other’s life.

They share their common interests: lavender fields, “shabby chic”, stories of their ancestors, and an enormous curiosity about each other’s country of homeland.

At the beginning, the only means of communicating across oceans was by mail: The postal service was in charge of delivering their precious messages.

The arrival of each message was a promise from afar, a morsel of joy; anticipation of an opening, then wanting more, and excitement. The day becomes interesting, the mind leaves on a voyage, participates in another life.

Their internet? Telepathy! It worked almost all the time–their letters crossed systematically!

Years go by. Exchanges intensify.

Five years after their first letter, the American girl lands in Paris; the French girl has organized a trip of southern Europe. She forms a small group of girls.

The American girl exchanges her big suitcase for a backpack.

And here they off: Four French girls and one American. Adventure beckons! By train, by boat, and on foot.

The American girl keeps a journal of the trip. So much to tell! Food is awful, she loses weight; many mosquitos, she gets stung; the sun burns her skin. Hygienic conditions are far from her usual standards.

Even so, she is happy! And the French language holds little mystery for her.

In Ceuta, it is chaos! The volunteer program they intended to join to help built a hospital, in the end, did not accept them.

They had to leave. Reorganize the trip. Go to Portugal to return home. But they were nearly without funds.

At night, it’s necessary to sleep under the star. They eat close to nothing, relying on the group’s two kleptomaniacs for fruit and milk products.

They wait a long time for a train that doesn’t arrive; the Portuguese are angry with the Spanish.

Back to France. The French mother is appalled; the American girl has lost 11 kg! But, she?  She is thrilled!

The following year, the French girl goes West. Her head full of legends and admiration for this country where everyone has a chance to succeed.

She loves each and every second of her stay.

Not enough eyes or hears to embrace life.

She left her shackles of complexes and slides with ease into the American girl’s routine.

Outings, shopping, festivals, banjo music …ice-cream dates; costume jewelry.

And fashion! “Body suits” available in all colors, worn with high-waisted jeans with a thin lather belt: A must!

The French girl would like to extend her stay but in France, companies have yet to provide paid vacations to employees

Back home, she has lost 5 kilos too! Everybody is worried but everything is ok.

No doubt, the cost required for total immersion into another’s customs….

On each side of the Atlantic, destinies take form, families are created; children are born in the American and French homes.

Letters give way to emails; Always the same pleasure to read and write.

Exchanges become fewer, but the link is never severed. It was meant to last a lifetime.

Each are witnesses for the other, a tacit reference, sisters of the heart, their puzzle has all its pieces…since the beginning, they have fit together, perfectly.

…Once upon a time, a long time ago, two young girls, meet out of pure chance, become women, mothers, grandmothers…. the magic that came of their absolute commitment to this meeting, the story of an improbable friendship….

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