Pour écouter l’histoire
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Nous sommes en 1940.
Il est cinq heures et demie. La nuit est encore profonde mais la journée commence pour Eugénie. Pas le temps de s’étirer. Dur ce matin ; la veillée autour du feu s’était éternisée mais la laine est enfin prête pour le rouet. Jean, son mari, est déjà parti voir les chevaux mais avant, il a ravivé le feu avec les fagots rentrés la veille et tiré de l’eau du puits. Heureusement parce que Brr ! il fait encore froid dans la grande pièce. Les enfants dorment à côté. Elle ira les réveiller un peu plus tard.
Le feu est bien parti et il crépite maintenant. Ses flammes illuminent la salle. Pas suffisamment cependant pour se passer de l’éclairage de la lampe à pétrole.
Eugénie verse l’eau dans le chaudron suspendu au-dessus du foyer et s’assoit sur le bord de la cheminée pour moudre le café. Elle adore ce moment. Un moment privé où elle peut prolonger le répit de la nuit avant l’agitation de la journée.
Elle verse un peu de chicorée dans la cafetière, puis son café moulu.
La veille, en trayant les vaches, elle avait rempli le pot à lait de bon lait frais. Celui de la Marguerite. C’est sa vache préférée.
L’eau bout déjà. Eugénie commence à passer le café. La pièce se réchauffe et l’odeur de café se répand agréablement.
Elle découpe de grosses tranches dans la miche de pain – ce sont les dernières- et sort la belle motte de beurre bien jaune du garde-manger. Elle est toute fraiche faite d’hier.
Un bon bol de café au lait et deux tartines bien beurrées pour chacun des enfants ; Ce petit déjeuner devra leur tenir au ventre jusqu’à midi. Elle leur prépare aussi leur casse-croûte, tranche de lard sur tranche de pain.
Tout est prêt. C’est l’heure de les réveiller. Jean ne va pas tarder. Ils partageront le petit-déjeuner puis chacun vaquera à ses activités. Eux, en route pour l’école, cinq kilomètres en sabots et elle, elle rejoindra son mari dans les champs. Mais pas tout de suite! Avant de s’y rendre, elle devra traire les vaches, ramasser les œufs, préparer le repas et faire le pain, car aujourd’hui c’est jour de pain !
