Une journée d’hiver à la ferme

Des histoires du temps jadis

Une journée d’hiver à la ferme

L’hiver est bien là, constate Jean, le béret enfoncé sur les oreilles. Il contemple ses champs. Du blanc à perte de vue. Il a neigé toute la nuit et la neige tient. Il n’aime pas cette saison ; il préfère de loin le printemps ou l’été où il peut travailler à l’extérieur. C’est dur mais au moins, on voit le travail fait.

Les récoltes ont été bonnes et les céréales sont engrangés. Les animaux ne mourront pas de faim cette année.

Ce matin, il devra emmener la Fanny au maréchal-ferrant. Elle boite ; ses fers sont usés et il est largement temps de les refaire. Comme la forge est au bourg, il en profitera pour discuter avec ses connaissances, au bar juste à côté. C’est comme ça que les nouvelles se transmettent.

Il devra ensuite réparer la charrette. L’essieu est cassé. Il a l’habitude. L’hiver, il se transforme en homme à tout faire ! En plus, l’Eugénie lui réclame des « binelles ». Ses paniers sont abîmés et elle en a besoin de nouveaux pour y mettre les œufs et les légumes. Il les lui fera sans trop tarder car elle les lui réclamera jusqu’à ce que cela soit fait.

Jean mâche sa chique. Il la garde longtemps dans la bouche avant de la recracher. C’est devenu machinal. Et le tabac lui donne du courage.

Pendant ce temps, Eugénie trait les vaches. Ils en ont quinze. C’est son travail, matin et soir. Heureusement les garçons l’aident. Enfin, s’ils pouvaient s’en passer, ils n’hésiteraient pas ! Jean-Marie et Roger viennent de partir pour l’école et la traite n’est pas tout à fait terminée.

Comme tous les matins, le laitier récupérera les deux grandes cuves de lait de la veille.
Ensuite, elle devra nourrir les animaux car l’hiver, ils ne sortent pas, ils restent au chaud.

Eugénie est excitée, cet après-midi, le camion-épicerie va passer. Elle va pouvoir échanger ses deux kilos de motte de beurre et ses dix-huit œufs contre du café, du sucre et de la chicorée. La farine leur a été livrée hier. Elle y retrouvera ses voisines et c’est toujours un peu la fête au pied du camion.

Elle compte ensuite se remettre à son rouet pour terminer les écheveaux de laine et les donner à sa belle-mère ; Eugénie n’aime pas tricoter, en revanche, sa belle-mère fait des merveilles !! Elle est sûre que Jean-Marie et Roger auront très vite de beaux pulls bien chauds, et elle, un châle moelleux.

Il lui faudra aussi préparer les repas ; pour le déjeuner, le pot-au feu d’hier sera parfait et ce soir, une soupe au lard fera l’affaire.

Et pourquoi pas une soirée marrons grillés ? se demande-t-elle ; tout le monde aime et on se tiendrait bien au chaud autour de la cheminée.

Jean en profitera peut-être pour faire mes binelles ? en tout cas, il a tout ce qu’il faut en herbes et ronces pour en fabriquer un certain nombre…j’y ai personnellement veillé !

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