Entre-deux

Babette

Entre-deux

Comme « entre deux » punitions. Babette appréhende ce moment suspendu entre deux états, ou tout est envisageable, même l’espoir, mais où le pire peut frapper aussi.

Elle est sortie du deuxième confinement, et de deux couvre-feux bien secouée … et le spectre d’un troisième confinement se faisant jour après jour plus menaçant, l’épouvante.

Babette est fatiguée. L’insomnie a rallongé ses nuits la peuplant de chimères fantasmagoriques et la solitude a imposé un silence inquiétant dans ses journées.

Le matraquage systématique et permanent des médias avec leurs spéculations négatives à grands coups de chiffres astronomiques, obscurcit désespérément son quotidien. Elle ne sait plus trop bien ce qu’elle peut faire, ce qu’elle doit faire. Babette est perdue.

Elle vit une vie cernée de sens interdits.

Certes, les rues sont animées à nouveau, mais, comme un semblant « d’avant » ; on se croise de loin, les regards se font inquiets et fuyants, quant au sourire il a entièrement disparu sous le masque.

L’isolation forcée a donné naissance à la détresse et Babette ressent ce désarroi qui est devenu son quotidien.

Des projets ? Elle en a, bien sûr. Pleins. Mais à quoi bon leur donner corps s’il faut les reporter ? et les reporter encore ? 

Ils ont beau se présenter à elle tous les jours pour plaider leur cause, elle a du mal à se les approprier, comme s’ils appartenaient à quelqu’un d’autre.

Inlassablement, ils reviennent pourtant à la charge. « Un trek en montagne avec d’autres passionnés » ; un séjour dans un spa pour se faire bichonner ; une excursion en Ecosse ou au Maroc, un stage linguistique en Espagne, … » Les propositions sont abondantes et variées mais Babette les éconduit. L’enthousiasme et la foi l’ont désertée. Pas envie de ressentir à nouveau la frustration ni la déception de l’annulation Elle veut s’épargner. Terminés les faux espoirs. Elle a décidé d’adopter l’évitement.

Le problème, c’est toujours l’autre, le porteur potentiel du virus ! et il est partout !

Elle sait qu’il faudrait qu’elle se laisse aller. Qu’elle ose. Qu’elle ose faire confiance. Confiance aux dépistages, confiance aux vaccins. Mais la barre est haute car la méfiance a pris place, et s’est enracinée.

 

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